Bonjour à toutes, tous et bonne année 2011.
Les quatre peintures de St Jean de Côle sont intégrées dans des boiseries avec un cadre et un fond en chêne au revers, écarté de trois centimètres, qui appartient aux boiseries.
Les peintures ont été dévernies et laissées sans couche de protection lors de la précédente restauration.
Le tableau traité, présentait un écaillage généralisé, ce qui est pas le cas des trois autres toiles. Son exposition au soleil au travers du vitrail clair situé sur le côté sud du chœur est probablement la cause de sa dégradation, sous l'effet des variations de températures et de la forte lumière qui le frappe.
Le refixage s'est fait sur une table à basse pression (50 x 50 cm) en utilisant la pompe de la grande table de l'atelier. La hauteur de bords de tension obligeait à un tel montage.
Ces bords ne présentent pas d'intérêt artistique en eux même mais ils font parti de l'œuvre et doivent être conservés. La question de leur remise à plat pour leur exposition ne se pose pas ici, car les peintures sont remontées sur leur châssis d'origine et exposées dans un cadre. Par ailleurs, la remise à plat des bords était impossible sans entraîner d'importantes pertes de matière picturale, raison première du sujet de cette discussion.
La fixation des bandes de tension s'est fait en conservant les bords debout, avec une cale de bois recouverte d'un film siliconé pour servir d'appui. J'utilise régulièrement ce système dès que je ne veux pas aplatir les bords même si ils ne sont pas peints mais simplement recouverts d'une préparation épaisse ou cassante.
La remise en tension est dans ce cas un problème puisque les châssis fixes originaux sont conservés et que, de fait, les peintures sont remontées sur leurs plis anciens. La relaxation de la peinture atteinte durant son vieillissement ne permet pas de retrouver une "tension correcte" de la peinture qui semble toujours un peu "molle".
Ceci est accentué par un remontage des toiles avec la couche picturale couchée sur le plan de travail et un agrafage sur le revers du châssis pour ne pas altérer les bords peints. La tension manuelle ou à la pince est dans cette configuration plus faible que celle obtenue lors d'une fixation sur les champs du châssis. J'ai corrigé cet effet en rajoutant deux montants au châssis, constitués de pièces de bois montées légèrement en force. La répartition de la tension s'en trouve un peu déséquilibrée, mais la faible dimension de l'œuvre (90 x 100) autorisait ce subterfuge.
Détail de l'œuvre en lumière rasante avant intervention.
Photographie du revers d'un autre tableau de la série. Il présente les mêmes caractéristiques que le tableau réfixé. Je poste cette photographie pour illustrer l'importance (en surface) de la matière picturale retournée sur le châssis. Il faut également noter la pièce de renfort au centre de la toile, utilisée par mon prédécesseur pour maintenir un mastic (sans incrustation de toile) dans une lacune. Pièce de toile directement prélevée sur un bord de la peinture originale. Je n'ai pas remis en place la pièce découpée (elle ne possédait plus sa forme d'origine), mais je m'en suis servi pour faire l'incrustation dans la lacune.