« La découverte initiale avait eu lieu dans l’église de Courchelettes, où deux grands panneaux latéraux qu’il avait remarqués auparavant, avaient servi à occulter une fenêtre avant d’être divisés en planches puis sciés pour fabriquer des étagères d’un placard de sacristie ! ». C’est ainsi qu’en 1957 Jacques Guillouet, ancien conservateur du musée de Douai, redécouvrit les premiers fragments d’un retable peints par Jan Van Scorel vers 1540 pour l’abbaye De Marchiennes en Artois.
Cinquante ans plus tard, à l’occasion de la restauration du polyptique et grâce une fois encore au mécénat de la Fondation BNP Paribas, l’Institut Néerlandais de Paris propose une très belle exposition, jusqu’au 22 mai prochain, où sont présentés les 10 panneaux constituant « Le retable de Saint Jacques et Saint Etienne ». On pourra bien sûr admirer cet ensemble exceptionnel pour sa qualité picturale, savant et délicieux mélange de technique flamande et d’inspiration italienne. A cet effet l’exposition propose judicieusement plusieurs dessins préparatoires de l’atelier du maitre hollandais qui permettent de suivre les évolutions et hésitations de la composition.
Mais on pourra aussi apprécier le résultat de quatre années d’effort, je veux parler du travail de nos collègues restaurateurs. Pour se faire une idée du traitement conservatoire il n’est qu’à consulter le très beau catalogue édité à l’occasion. Dans un article de plus de vingt pages, Isabelle Leegenhoek, mandataire du groupement comprenant 7 restaurateurs, raconte les grandes étapes de la restauration, photos à l’appui. On peut aussi, devant chaque panneau, regarder la dizaine de moniteur proposant les images du dossier réalisé par le C2RMF mettant en évidence les différentes problématiques (photos U.V, infra-rouge, localisation des trois générations de repeints, lacunes…)
Mais on peut aussi simplement contempler le résultat. Car le travail de réintégration est vraiment éblouissant. J’avais eu la chance de voir ces panneaux en cours de traitement au sein des ateliers de Versailles l’année dernière et je dois avouer que l’étendue des lacunes m’avait laissé pour le moins perplexe. Car outre les mastics recouvrant les multiples pertes et fentes, le travail de retouche laissés par de grandes incrustations dans les parties basses des panneaux (notamment dans « La dispute de saint Jacques avec Philétus et Saint Jacques guérissant un paralytique) avaient de quoi effrayer le plus émérite des restaurateurs. Chapeau bas donc.
Comme le dis avec une pointe d’ironie Pierre Curie, heureusement que ce
« sacristain, qui tronçonna les volets pour construire le rayonnage d’une armoire de sacristie [ ] n’avaient pas besoin de bois de chauffage » !
Je signale, pour tous ceux qui ne pourront pas voir cette exposition à Paris, qu’elle se poursuivra à Douai jusqu’en octobre 2011.
Site web: www.institutneerlandais.com
Pour toute les informations pratiques , télécharger le communiqué de presse en PDF ici : http://www.institutneerlandais.com/download.php?f=b4d935e744eb50f74c7497f25a9fc266
Le catalogue d’exposition : « La renaissance de Jan Van Scorel – Les retables de Marchiennes » - 127 p, Fondation Custodia, Paris, 2011 – 30€