Aspiration, extraction de solvants . (vapeur, air, filtre, remplacement, alternatif)

A plusieurs reprises des messages ont abordé le problème de l'extraction d'air chargé de solvants ou de vapeurs toxiques lors de certaines phases des traitements de restauration.

Ce petit message aidera peut être les bricoleurs qui en ont assez de ressembler à Elephant-man une bonne partie de la journée.

Dans l'atelier, nous n'avons pas choisi de traiter mais d'évacuer les vapeurs toxiques sur l'extérieur. Notre plus proche voisin, le pharmacien ne s'en ait jamais plaint, par contre l'odeur d'éther relâchée par notre usine classée Sévéso se sent très bien dans les quartiers nord de la ville.

L'extraction est activée par un simple moteur de VMC à deux vitesses. A vitesse lente, il extrait 400m3/h pour un niveau sonore tout à fait acceptable d'une cinquantaine de décibels. Un simple programmateur permet de ventiler l'atelier quand nous sommes en déplacement.
Le moteur n'est pas spécifiquement antidéflagrant, mais la concentration de solvant est suffisamment faible pour qu'il n'y ait pas trop de risque.
L'air circule dans des conduits souples de VMC. L'installation d'un câble et des quelques poulies permet le déplacement du conduit sur toute la largeur du poste de travail dédié au nettoyage des peintures.




Ce matériel se trouve dans les magasins de bricolage ou chez les grossistes en électricité et chauffage.

Pour que l'extraction soit performante, il faut que l'aspiration se face au plus près de la source des produits à éliminer, car celle-ci décroit très rapidement à mesure que l'on s'éloigne de l'extrémité du tuyau.
Pour vous donner une idée de la diminution de l'aspiration (dépression), celle ci n'est plus que de 10% de sa valeur initiale à une distance égale au demi diamètre du conduit d'aspiration.
Il convient donc de mettre un place un système mobile qui permet déplacer la bouche d'extraction.

Pour cela, nous avons fabriqué une table de travail munie d'une colonne et d'un bras de lampe d'architecte. La colonne permet un déplacement vertical du conduit entre le sol et une hauteur de trois mètres. Le bras de lampe offre la possibilité de placer précisément la hotte devant le tableau sans avoir à bouger la table.
L'extrémité du conduit d'aspiration est munie d'une hotte en plexiglas, orientable en rotation et inclinable ce qui permet de travailler près de la surface peinte mais derrière la hotte.



Le bras de lampe, la hotte et une partie du tuyau peuvent se déconnecter de la table et du tuyau principal quand l'aspiration est employée sur la table de doublage ou lors des vernissages.

J'espère que ceci vous donnera des idées et des envies de bricolage. N'hésitez pas à poser des questions.

CM

Je confirme, ce système est efficace et peu onéreux pour assainir l'atelier (et épargner le restaurateur) lors de l'utilisation de solvants.

Pour ma part, il est réglé à 6OO m3/h et malgré la délicatesse de mon ouïe, je m'y suis très bien habituée...

Christian, il me semble que pour que l'extracteur ait le plus d'efficité possible, la zone d'aspiration doit être localisée (dans la mesure du possible) au plus près de l'extracteur. Me trompe-je?

Tu as raison Françoise, mais la perte par frottement sur les parois du conduit est faible et "compensée" par le diamètre important du conduit.
Un tel système d'extraction est toujours un compromis entre un système "physique " idéal et une réalisation qui prend en compte l'utilisation pratique en atelier. Bref une grosse bidouille!

Bravo pour ce dispositif ingénieux et peu onéreux! Juste une question : où va l'air aspiré et est-il filtré en sortie?
MDD

MDD a écrit:

Juste une question : où va l'air aspiré et est-il filtré en sortie?
MDD

En ce qui me concerne, il sort à l'extérieur de l'atelier, sans être filtré...

Hélas, il en est de même pour nous. L'air est pulsé à l'extérieur sans être traité.
C'est un peu comme à la bourse:" nous gardons les profits et nous mutualisons les risques"

La question de ces polluants reste entière. La recherche de traitements avec des solvants moins dangereux pour la santé des utilisateurs et l'environnement est une piste intéressante à suivre.

De plus en plus de personnes se plaignent d'allergie au white-spirit, même sans aromatique. Par quoi le remplacez vous?

Merci Christian, "Mac Gyver", pour toutes ces indications et explications précieuses.
C'est exactement un de mes sujets récurrents de questionnements, pas plus tard encore que hier soir.
Je vais sérieusement me pencher sur la question pour me lancer dans ce "grand bricolage". Seul hic, je ne sais où faire l'ouverture vers l'exterieur car je suis en rez-de-chaussée et mes murs font une épaisseur de 50 cm, donc pas simple à creuser. Mais je vais creuser le sujet...

Moi aussi je cherche des solutions de remplacements pour les solvants, car je trouve de plus en plus difficile à supporter, même les faibles émanations quelques jours après utilisation, ça vire à l'obsession.

Peut-être que tous ensemble nous allons trouver des parades à tous ces inconvénients.

bonjour,
en ce qui concerne le remplacement de certains solvants, voilà de que j'ai vu:
- white spirit = ligroïne (mélange de différents hydrocarbures)
- Ethyle lactate: remplace le diacétone alcool dans le Paralo
- Dyméthylsulfoxyde: alternative au DMF mais rétention plus longue
L'article (voir lien ci-dessous) cite Wolbers, je n'en sais pas plus.[url=http://www.3atp.org/html/cours_res/new_nettoyage.html]http://www.3atp.org/html/cours_res/new_nettoyage.html[/url]
Il parait que CTS a été en rupture de stock de ligroïne aprés une intervention de Wolbers...

Bon d'accord, moi j'arrive un peu après la bataille, mais j'étais en déplacement et n'ai pas pu me connecter pendant presque 3 semaines.
Pour ce qui est des solvants de "substitution", j'ai fait l'expérience du DMSO en remplcament du DMF.
Personnellement je n'aime pas beaucoup. D'abord sa toxicité moindre pour nous, n'évite en rien les moyens de protection (masque, gants, aspiration ...) mais le temps de rétension est vraiment plus long (25 % en plus). On passe de 40 jours pour le DMF à 51 jours pour le DMSO.
Evidemment, on peux aussi travailler avec des gels pour limiter la pénétration (j'ai tenté aussi).
Quand à la Ligroïne, je crains fort le phénomène de mode. A l'occasion, jetez donc un oeil sur la fiche de données sécurité et vous verez que vraiment ce n'est pas la panacée. Attention, je n'ai pas dit qu'il ne fallait pas l'utiliser. Si Wolbers a fait augmenter les ventes chez CTS, Cremonesi s'en était chargé avant lui.

En ce qui me concerne j'ai remplacé les décapants au chlorure de methylène par un solvant écologique sans classe de risque.
Un vrai soulagement et une efficacité moindre compensée par un durée d'exposition plus longue.
L'extraction quand à elle est réalisée dans l'atelier par un ventilateur helicoidal et un réseau de tubes acier galvanisé avec clapets pour aspirer sur le bon poste.
J'envisage la création pour la soudure d'un système comme celui présenté , celle ci est réalisée actuellement sous hotte mais trop haute justement

Citation :

Ce petit message aidera peut être les bricoleurs qui en ont assez de ressembler à Elephant-man une bonne partie de la journée

a mon avis l'usage de ce type d'aspiration ne doit pas dispenser du port du masque

roseleur a écrit:

En ce qui me concerne j'ai remplacé les décapants au chlorure de methylène par un solvant écologique sans classe de risque.

Pourrais-tu nous en dire plus à propos de ce solvant?

Il s'agit de ceci
C'est la gamme solv'envy
la fiche technique est à l'atelier je ferais un scan demain
C'est assez efficace mais beaucoup plus long que le chlorure de méthylène
il faut dire aussi que je travaille au trempé ce qui risque de ne pas être ton cas

Voilà les fiches, excusez de la qualité médiocre du document original.

Merci Roseleur pour cette fiche technique.
Malheureusement, il est vrai qu'elle est... difficilement lisible. J'ai eu beau l'enregistrer et la travailler, je n'ai pas réussi à lire la composition. J'ai tenté sans succès la recherche sur internet. Par contre, j'ai pu voir que BioEnvy a un site en cours de création...

voilà ce que je déchiffre sur la photo.
Je regarderais à l'atelier sur la mauvaise photocopie que j'ai si ça correspond.


acide glycolique <2,5%poids C
p-menth-1-ène-5-ol <2,5% poids Xi
3-butoxy-2-propanol teneur: 2,5-10% poids Xi
Dipropylèneglycolmonométhyléther teneur 25-60%



bien sûr il y a présence de produits Xi mais dans des concentrations inférieures aux limites acceptables.
D'autre part il n'est pas précisé la toxicité du dernier élément.
Il me semble que ces produits "bio" jouent aussi sur le champ libre laissé à certaines substances mal évaluées.

quoiqu'il en soit c'est tout de même un mieux et un pas vers des réactifs moins nocifs.

D'un point de vue confort c'est incomparable avec le chlorure de méthylène qui etait très désagréable à utiliser (d'autant que j'utilisais du gramosol qui est le décapant choisi par la marine nationale pour décaper les résines sur les bouteilles de plongée

Encore merci pour ces précisions...

Il est vrai que je n'ai pas réussi à trouver des informations sur chacun de ses composants... A part pour l'acide glycolique, qui est issu de la canne à sucre, des betteraves ou du raisin, et qui est très utilisé en cosmétique, notamment pour faire des peeling (tien, cela me donne des idées pour me restaurer la face!).

Il est noté sur la fiche : "économique : recyclage après filtration des peintures solvantées sur filtre". Cela signifie-t-il qu'après cette opération, il est réutilisable?

oui puisqu'il "destructure sans diluer", il suffit de filtrer les peaux de vernis.
En ce qui me concerne je travaille au trempé et je ne filtre pas. La cuve en service a été remplie il y a plus d'un an et tout va très bien.
Il faut dire aussi que le produit coute un peu cher (de mémoire 300 euros le bidon de 20 litres), mais finalement à l'usage il est beaucoup plus économique que le chlorure de méthylène car il s'évapore moins vite et j'ai modifié mes pratiques: je procède à des égouttages soignés.Du coup j'ai réduit au moins par cinq ma consommation de décapant.
Comme quoi: il est plus cher mais plus économique.. tout le paradoxe du bio