Samedi 19 juin de 22h35 à 23h35 sur la chaîne Histoire
Domunentaire (Arts)
L'ombre et la main
Réalisateur : Laurence Garret
Des restaurateurs du musée du Louvre donnent une nouvelle jeunesse à un tableau du peintre Jean Broc, «L'Ecole d'Appelle», réalisé en 1800.
Documentaire de Laurence Garret (France, 2006). 52 mn. Rediffusion.
Au IVe siècle avant notre ère, le portraitiste d'Alexandre le Grand, Apelle, fut accusé de trahison par Ptolémée. Pour se venger, il fit le tableau d'un jeune innocent nu, traîné par les cheveux. Vingt et un siècles plus tard, Jean Broc revisite le thème dans L'Ecole d'Apelle. Elève de David, Broc représente Apelle, debout, montrant à ses disciples l'esquisse de sa Calomnie. En 1800, cette monumentale Ecole d'Apelle vaut à Jean Broc un prix d'encouragement et des critiques. On décèle une allusion à David qui, ardent jacobin, fut incarcéré après la Terreur, pour son amitié avec Robespierre. Quand Broc le rejoint, en 1797, David renoue avec l'antique. A l'atelier, certains apprentis apprécient modérément. Jean Broc fait partie des « barbus » indociles, qui se baptisent « médiateurs », « penseurs » et surtout « primitifs », et reprochent au maître de ne pas raviver la pureté ancestrale.
Parfaite mise en abyme, L'Ecole d'Apelle évoque donc le renvoi du peintre contestataire par celui qui l'avait formé. Filmant les étapes de la minutieuse restauration de la toile par les ateliers de Versailles, Laurence Garret montre que ce tableau méconnu, qui a réintégré les cimaises du Louvre en 2007, doit beaucoup au néo¬classicisme et aux fresques antiques. Mais elle élude ce en quoi cette peinture se révèle aussi le fourrier de futurs mouvements : les allégories de Gros et les premières études de Delacroix n'y ont-elles pas puisé quelques traits ? Allusive, la réalisa¬trice évoque malgré tout la révolte d'une tribu de rapins idéalistes, oubliés par l'histoire.
Hélène Rochette
Télérama