A tous ceux qui nourrissent encore quelques espoirs concernant les vertus supposées des appels d’offres, je dédie ce texte extrait du récent catalogue de l’exposition qui s’est tenue à la National Gallery de Londres « Léonard de Vinci, peintre à la cour de Milan ».
« Lorsque Léonard arriva à Milan, rien n’indiquait toutefois que ce concept de l’artiste de cour, si habilement exploité ailleurs en Italie du Nord, était pleinement apprécié ici. Les Sforza, quoique clients de nombreux orfèvres et armuriers renommés chez qui ils dépensaient beaucoup d’argent, avaient manifesté jusque-là peu d’empressement à engager des talents artistiques d’une réelle envergure. Ils leur préféraient des peintres capables de produire au mètre carré. Galeazzo Maria Sforza est connu pour avoir privilégié les efforts de groupe, les projets décoratifs gigantesques exécutés pour ses palais par des peintres qui se constituaient en associations temporaires pour faire une offre, la soumission la plus basse décrochant le projet. C’était l’usage lombard, un système qui faisait inévitablement taire les voix individuelles. Le somptueux « non-style » qui en résultait, débordant de couleurs vives et de dorures, est illustré par la chapelle ducale Castello Sforzesco, décorée dans les années 1470, rare vestige de cette époque. »
Luke Syson – Les récompenses du service : Léonard et le duc de Milan – p21
Luke Syson est conservateur de la peinture italienne avant 1500 et directeur de la recherche à la National Gallery à Londres.
Lorsqu’ Olivier Clérin arriva en Midi-Pyrénées, rien n’indiquait non plus que le concept de conservateur- restaurateur, si habilement exploité ailleurs, était pleinement apprécié ici.