ATELIER 4
« L’observatoire : un outil pour le développement par le patrimoine »
Présidente : Dominique Salomon, vice-présidente Evaluation des politiques publiques et régionales
Modérateur : Françoise Clermont, consultante en marketing et tourisme, responsable de l’observatoire du comité départemental du tourisme
Rapporteur : Samuel Perigois, Docteur, Université de Grenoble
On note la présence de M Marc Daniel et de Mme Jocelyne Saint Avit, du Conseil Régional.
Dominique Salomon présente l’observatoire, qui doit être basé sur la connaissance, le partenariat et doit être aussi un observatoire socio-économique. L’étude a été lancée le 23 septembre 2008 pour aider la Région à poser une méthodologie afin de lui permettre de piloter et d’animer seule l’observatoire, sans délégation.
Françoise Clermont précise que l’atelier doit être une contribution à la mise en place d’objectifs et de missions de l’observatoire, avec une mise en réseau de compétences.
Jean-Pierre SAEZ, directeur de l’Observatoire des politiques culturelles (observatoire national)
Il précise que l’observatoire est une agence libre. Les données de l’observatoire reposent sur des évaluations et non sur une simple observation statistique. Le patrimoine s’est « pluralisé », et on observe une extension de la définition du patrimoine. Il s’intègre aujourd’hui dans le développement durable, et de nouveaux outils d’analyse sont à mettre en œuvre. Il est difficile d’évaluer les retombées économiques, tant le patrimoine est aussi chargé de symbolique et tant son impact social ne peut se résumer en quelques chiffres. En ce sens, on parlera plus d’évaluation que d’observation. Quelques critères d’évaluation : financements – besoins – impact – durée – formation des compétences – publics – flux des financements – emplois directs et indirects – analyse de l’existant (inventaire). L’interprétation des résultats, notamment la qualité du travail accompli, ne peut se faire qu’avec les acteurs, le plus délicat étant de transformer les résultats en outils.
Remarque de M Carrier, prof. Du Master « Patrimoine et politique territoriale » de Pau : les outils ne sont pas neutres politiquement.
Hervé PASSAMAR, directeur de l’Agence régionale du patrimoine de Paca (sociologue et économiste de formation)
L’Agence est née en 2001 et est présidée par M Joutard (NB : ancien recteur de Toulouse). Elle a été développée pour l’évaluation d’un patrimoine dans lequel 100 Millions d’euros sont investis pour la sauvegarde, puis a élargi ses missions pour une étude sur la patrimoine, en s’appuyant sur les réflexions de Xavier Graffe (économiste présent aux Ateliers du Patrimoine de MP en 2007). L’agence emploie 4 personnes.
L’impact économique et social du patrimoine protégé et non protégé en PACA s’est développé à partir :
- d’un état des lieux
- de la mise en place d’un cadre pérenne pour l’observation dans la durée, avec co-production des données des différents acteurs : chercheurs, économistes, historiens, géographes, juristes, et le groupement régional des entreprises Monuments Historiques (GREMH), le centre de recherche sur les métiers du patrimoine.
Le patrimoine regroupe en effet des métiers très différents, de la restauration à l’accueil du tourisme.
La difficulté est de collecter des données fiables et utilisables. Comment utiliser par exemple le fait que les billetteries représentent un montant supérieur aux financements Etat/région des restaurations ? Le Patrimoine peut en effet générer plus qu’il ne coûte, mais les investisseurs ne sont pas forcément ceux qui ont un retour. Ainsi, la DAPA a missionné l’Agence depuis 2007 sur ces questions, le rapport devant être remis en novembre 2008. On pense d’ores et déjà que le poids du patrimoine est plus important qu’estimé, et que face à l’érosion de la fréquentation, le mode de gestion et la qualité du patrimoine doivent être repensés.
Questions :
Louis Peyrusse (Master Patrimoine de Cahors) remarque que la notion de patrimoine ne peut être figée, et qu’il est important que les outils intègrent l’évolution de la recherche.
M Carrier de Pau constate l’importance du service de l’inventaire comme base pour les évaluations et les observations
M Saez estime que les données des petites communes sont rarement prises en compte car elles sont très difficiles à intégrer. Le patrimoine n’est pas prioritaire pour les intercommunalités, qui le classent en 4° position, derrière les bibliothèques, l’enseignement artistique, le spectacle vivant.
Jean-Loup ABBE et Claire JUDE DE LARIVIERE (directeur adjoint de l’UMR Framespa et maître de conférence à la MSH)
Ils présentent l’axe patrimoine de la Maison des Sciences de l’Homme (MSH) : 11 équipes de chercheurs pour l’histoire, l’archéologie et l’histoire de l’art. La MSH représente un lieu de compétences, de recherches, de collectes de données, d’observations, de formation, et ce depuis de nombreuses années. La MSH est aussi une interface entre la recherche et les pouvoirs publics, par le biais de la sensibilisation. M Abbé présente le projet INTERREG, projet européen sur le patrimoine des bastides du Moyen-Age et démontre qu’un tel projet étend le patrimoine régional au-delà des frontières.
Mme Clermont demande d’accélérer le rythme des communications
FABRICE BONNIFAIT, responsable de l’inventaire de la région Poitou Charentes
Rappel : l’inventaire a été mis en place par Malraux en 1964 et a été transféré aux collectivités par une loi du 13 août 2004. En PC, l’inventaire est intégré à une direction qui s’intitule « Vivre ensemble »
Un travail a été fait sur l’inventaire du patrimoine industriel de la région, avec un lien très fort sur la mémoire ouvrière et la place de l’Homme dans ce patrimoine. Une communication a été organisée pour un public le plus vaste possible et l’inventaire est accessible à tous (site inventaire.poitou-charentes.fr).
Nathalie VALLEE, chargée de mission Patrimoine, Union régionale des CAUE de Midi-Pyrénées
L’union a pour objectif de promouvoir l’architecture, l’urbanisme et l’environnement. Les CAUE participent à la planification des mises en évidence des ressources locales, leur valorisation, la hiérarchisation des choix. En ce sens, les CAUE contribuent à l’observatoire régional en tant qu’experts techniques sur des projets territoriaux. Cependant, quelles structures et quels moyens pour l’ORP ? Quels seront les experts et leur représentation ? Peut-on imaginer une université permanente ou un comité d’experts à géométrie variable ? Dans les Hautes-Pyrénées, un diagnostic a été fait sur le patrimoine rural ; il faudrait apprécier la méthodologie en la comparant avec celle d’autres démarches.
MME SALOMON interpelle ensuite un représentant du Muséum d’Histoire Naturelle de Toulouse, chargé du développement, sur le sujet de la collecte des données dans la perspective des retombées touristiques. Le représentant précise que l’on observe ce que l’on veut bien voir et mettre en valeur. Il rappelle que les musées sont dépositaires d’un patrimoine public et qu’ils ont pour rôle de conserver et de transmettre ce patrimoine. Il est donc nécessaire d’organiser la collecte des données tout en se basant sur des connaissances. Créer des modèles est un risque et il ne faut pas confondre les musées avec des parcs d’attractions. Il faut donc hiérarchiser les objectifs selon la qualité à maintenir.
Un représentant de l’association CLEF ( ?) présente le projet de mise en valeur du patrimoine bâti dans le Tarn, en convention tripartite (partenaires non retenus ou non précisés) et en collaboration avec le CAUE.
Monique DRIEUX présente Materia Viva et l’ACRMP. Elle précise que sans la conservation et la restauration du patrimoine bâti et mobilier, il ne peut y avoir de valorisation ; M Passamar parlait même de l’ « érosion de la fréquentation » en PACA car le patrimoine n’est pas assez entretenu. Enfin, le constat d’état du patrimoine et les études par les chercheurs (MSH et universités) devraient être liés à l’inventaire et servir de base pour guider les choix et les politiques de mise en valeur du patrimoine.
Mme Salomon conclue en rappelant la complexité du champ d’intervention de l’ORP par rapport aux impacts directs et indirects. Il existe cependant beaucoup d’acteurs sur lesquels se reposer, des institutions publiques (CAUE , MSH - elle rassure les représentants de sa considération-, chercheurs et universitaires) et privés (associations, professionnels).
Restitution de l’atelier 4 : Samuel Perigois, Docteur, université de Grenoble
Dans la structuration de la politique du patrimoine de la région Midi-Pyrénées, l’observatoire est un point de mire. L’observation est complexe avec le problème récurrent de la délimitation du champ « Patrimoine ». L’observation culturelle est basée sur la décentralisation et le transfert de compétences : il faut donc « territorialiser » l’approche du secteur. Il existe déjà un observatoire national et l’échelle de la région doit être envisagée. Les enjeux portent sur la connaissance, le partage et la mise en débat public de cette connaissance commune, la mise en perspective, l’élaboration de stratégies. Observation et évaluations, système d’observation à observatoire : notions polysémiques. L’observation est le préalable de l’évaluation. On pourrait définir l’observation comme la capacité à produire, à capitaliser des informations et mettre les analyses à disposition de tous.
Mais, les données doivent être actualisées, et les informations accessibles à tous.
Quelle configuration pour un observatoire régional ?
Il est une plateforme de ressources dans la durée, une aide à la décision, une articulation avec l’action, un rapport au territoire, où les acteurs doivent être autonomes des politiques ;
Il est un lieu de concertation et de renforcement des réseaux, avec une co-production des données par différents acteurs associés à la démarche ;
Il est une mise en débat, un accompagnement des politiques territoriales, un partage de la connaissance ;
Il a enfin une dimension pédagogique.
Le rôle de l’inventaire et la temporalité des actions est importante, mais quels indicateurs pour observer, évaluer, sachant que les outils ne sont pas neutres politiquement ? Enfin, des questions sont soulevées : quelle organisation et quelle gestion ? Quel rôle régulateur pourraient avoir l’Etat et la Drac ?
L’observatoire est donc une méthode pour produire du sens dans un domaine changeant.
CONCLUSIONS
Hélène BRETON
Mme Breton se félicite que nombreux sont à porter un intérêt à participer à ces ateliers : ces communications témoignent d’un nouveau regard sur le patrimoine, une conscience plus partagée, la nécessité d’une appropriation collective.
Elle souligne la mise en place d’un portail Patrimoine (la partie image n’est pas encore prête) crée par le service « Connaissance du Patrimoine » de la Région. Outil qui permet la mise en réseau des acteurs : principe du site relais.
Portail des patrimoines : avec une diversité : bâti, immatériel, traditionnel : avec base de données : visite virtuelle, jeu interactifs, diffusion des contenus scientifiques, dossier inventaire, mise à disposition des ressources en ligne : aide régionale, formation, documentation.
Mise en œuvre dès novembre 2008 : possibilité de visites virtuelles de sites, expos virtuelles, porte folio, dossiers d’inventaire, jeux, quizz et….renseignements sur les métiers du patrimoine dans une rubrique formation.
Elle termine en donnant rendez-vous à Nantes aux journées sur le secteur protégé les 30-31 octobre 2008, et remercie chaleureusement tous les participants.
Ces résumés ont été réalisés par Corinne Authier-Athanase, Anne Craveia, Monique Drieux, Sophie Reynard-Dubis, Françoise Tollon – ACRMP, Toulouse, 2 octobre 2008