Exposition à la Chapelle Notre-Dame des Anges de Perpignan :
"Le Maître de Llupià, un peintre du Roussillon au début XVIe siècle. Découvertes - Restauration", du 14 septembre 2012 au 2 février 2013
Une découverte exceptionnelle
En 1998, le Centre de Conservation et de Restauration du Patrimoine (CCRP) du Conseil Général des Pyrénées-Orientales est sollicité afin d’effectuer une intervention de nettoyage et de conservation sur le retable baroque du maître-autel de l’église paroissiale Saint-Thomas de Llupià. Cette intervention, somme toute habituelle, conduira les restaurateurs à faire une extraordinaire découverte.
Lors de l'intervention du CCRP, le prêtre desservant souhaita que l’autel maçonné, édifié en 1886 et sans intérêt, soit réduit en profondeur afin de laisser plus d’espace pour la liturgie. C’est à l’occasion du dégagement de l'autel qu’eut lieu la découverte. Derrière l’autel, en partie enterré par les comblements, apparu un panneau badigeonné de gris. Deux fenêtres de dégagement furent pratiquées, mettant à jour une partie de visage et une main. La technique et le style firent immédiatement penser à une peinture du XVIe siècle. Au total ce sont six panneaux, datant du premier quart du XVIe siècle, qui furent découverts.
Mauvaise fortune des retables anciens
En Roussillon, la vogue des retables baroques a provoqué dès le milieu du XVIIe siècle dans de nombreuses églises, le démantèlement ou la destruction des retables antérieurs. Dans l’église de Llupià cet engouement pour le nouveau style apparu dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, conduisant à un nouvel aménagement du sanctuaire de l’église. A cette occasion, le retable Renaissance de Llupià dut être démembré pour laisser place au retable baroque, sans que l'on ne sache ce qu'il adviendra de ces panneaux jusqu'à la fin XIXe siècle, sauf un panneau représentant l’Incrédulité qui fut conservé.
Le réemploi des panneaux
Lors d’une restauration du maître-autel en 1886, ces panneaux peints furent sciés, badigeonnés et réemployés comme simples éléments de consolidation du retable, insérés dans le soubassement et les gradins. Un des panneaux où figure saint Paul (ancienne porte du retable XVIe siècle) fut utilisé comme étagère.
La restauration des panneaux et l'invention du Maître de Llupià
La restauration a été pratiquée dans le cadre d’échanges pluridisciplinaires sur la base d’examens scientifiques et de recherches documentaires. Les traitements ont été les moins interventionnistes possibles, en respectant l’histoire matérielle des panneaux, leur état fragmentaire, tout en leur redonnant une cohérence et en apportant une lecture compréhensible.
L’étude technique et stylistique de ces panneaux a permis d’identifier un nouveau peintre –le Maître de Llupià- auquel il est proposé d’attribuer d’autres œuvres à Argelès-sur-mer et Passà. Cet artiste, de culture flamande, a pu faire partie de ce groupe de peintres venus s’installer en Catalogne au début du XVIe siècle.
Présentée à la Chapelle Notre-Dame des Anges de Perpignan, l'exposition « Le Maître de Llupià, un peintre du Roussillon au début XVIe siècle. Découvertes-Restauration » fait revivre cet épopée.
Ouverte gratuitement du 15 septembre 2012 au 02 février 2013, l'exposition est accompagnée d'un catalogue et d'un cycle de conférence.
Lien
Créé en 1998 par le Conseil Général, le Centre de Conservation et de Restauration du Patrimoine (CCRP 66) a pour mission d'assurer la connaissance, la sauvegarde et la valorisation des biens culturels du département.
Le département des Pyrénées-Orientales recèle des milliers d'œuvres d'art conservées in situ dans plus de 500 édifices religieux. Ce mobilier constitué de retables, peintures, sculptures, orfèvreries, vêtements liturgiques, objets de dévotion populaire, est le plus souvent dans un état de conservation préoccupant.
L'urgence est d'inventorier ce patrimoine, d'évaluer son état, d'effectuer les traitements de conservation permettant d'assurer sa pérennité, de le faire vivre et de le transmettre aux générations futures (en savoir plus).
Lien vers le CCRP