Léonie Hénaut, « La construction des groupes professionnels : le cas des restaurateurs d’œuvres d’art en France et aux Etats-Unis », Formation emploi [En ligne], 110 | 2010, mis en ligne le 10 juillet 2012, consulté le 17 octobre 2013. URL : http://formationemploi.revues.org/3035
Je vous invite à prendre le temps de lire un article passionnant issu d’une recherche doctorale et postdoctorale sur la restauration des œuvres d’art. L’auteur, Léonie Hénaut, réalise une étude comparée entre la situation professionnelle des CR français et celle de leurs homologues américains.
Extrait :
« En France, les diplômés issus des quatre formations spécialisées, créées à partir des années 70 sont environ 1 000 à être en activité aujourd’hui, la plupart exerçant sous le statut de profession libérale. Ils ont obtenu la fermeture du marché des musées en leur faveur au terme d’une lutte avec les restaurateurs de formation traditionnelle mais souhaiteraient que des postes spécifiques soient créés au sein des musées et que leur expertise en situation de travail soit davantage reconnue, par les conservateurs de musées notamment. Aux États-Unis, au contraire, l’activité n’est toujours pas réglementée alors que les premières formations apparaissent dès les années 60 ; cependant, les restaurateurs diplômés – ils sont aussi un millier environ – sont généralement salariés des musées et jouissent d’un niveau d’autorité et de rémunération comparable à celui des conservateurs ».
Pour lire la suite : http://www.cairn.info/revue-formation-emploi-2010-2-page-49.htm
Résumé
En comparant les chemins de professionnalisation empruntés à partir des années 60 par les restaurateurs d’œuvres d’art en France et aux États-Unis, cet article étudie les acteurs et les processus intervenant dans la construction des groupes professionnels. Les institutions, comme l’État et les associations professionnelles, contribuent certes à déterminer les contours possibles des dynamiques professionnelles – établissement d’un monopole sur le marché des musées pour les diplômés des nouvelles formations spécialisées en France, absence de règlementation et développement du salariat côté américain. Cependant, les luttes interprofessionnelles et les négociations intra-organisationnelles alimentent aussi ces dynamiques, en particulier celles qui touchent à la place des restaurateurs dans la division du travail par rapport aux conservateurs de musées.
Restaurateur d’art, professionnalisation, organisation professionnelle, identité professionnelle, France, États-Unis
A propos de l’auteur
Léonie Hénaut est docteure en sociologie, post-doctorante au Centre de sociologie de l’innovation (Mines-ParisTech/CNRS). Ses travaux portent sur l’interdépendance des groupes professionnels impliqués dans un même champ d’activité, en l’occurrence la conservation des œuvres de musées et, plus récemment, les soins et services au domicile des personnes âgées et handicapées. Elle a publié récemment : « L’interprétation comme activité : matérialité et signification d’une œuvre », Sociologie de l’art, n° 14, 2009 ; « Montée en qualification et perte de contrôle. Les restaurateurs de tableaux et leurs documents de travail », in Observer le travail. Histoire, ethnographie, approches combinées, Arborio A.-M., Cohen Y., Fournier P., Hatzfeld N., Lomba C. et Muller S. (Dir.), Paris, La Découverte, Collection « Recherches », 2008 ; « Polymères et vieilles dentelles. La restauration et la conservation dans un musée de costumes », Sociétés contemporaines, n° 66, 2007.