A vous de vous faire votre opinion....
PS... Compte tenu de ce qu'il s'est passé à Bordeaux, le classement au patrimoine mondial aboutit plutôtà une obligation (de prendre soin de ce fameux patrimoine) qu'un dû... il y aurait de quoi dire à ce propos le 13 mars....
La Dépêche du Midi
Publié le 08/03/2009 09:00 | Robert Rossignol (avec A.-M.D.)
http://www.ladepeche.fr/article/2009/03/08/569960-Albi-Les-fresques-de-Sainte-Cecile-ou-500-ans-d-un-chef-d-uvre-en-peril.html
Albi: Les fresques de Sainte-Cécile ou 500 ans d'un chef-d'œuvre en péril
Sainte-Cécile, seule cathédrale intégralement peinte en Europe.
Inscrites au rang des commémorations nationales par le ministère de la Culture, les peintures de la voûte de Sainte-Cécile fêtent leur 500e anniversaire en 2009. En perspective du classement au patrimoine mondial de l'Unesco, c'est une carte maîtresse pour Albi. Mais les fresques datant de 1509 sont aussi un chef-d'œuvre en péril.
C'est un cri d'alerte que lance Patrice Calvel, architecte chargé des travaux de la cathédrale : « Les peintures en elles-mêmes sont dégradées, il s'agit de l'usure normale du temps. Elles sont très empoussiérées, on peut remarquer la différence avec celles de la tribune qui ont été nettoyées. » « Il suffit de dépoussiérer. Malheureusement, le chantier s'est arrêté. Mais on n'est pas au niveau de Lascaux » modère Jean-Louis Biget. L'historien est même « émerveillé par l'état de conservation exceptionnel après cinq siècles. Dans la partie restaurée, les fresques gardent un éclat fantastique. Faits au sulfate de cuivre et non au pastel moins stable, les bleus conservent une fraîcheur exceptionnelle. »
Pourtant, si l'on y regarde de plus près, elles ne se portent pas si bien que ça. « Au-delà des peintures, poursuit l'architecte, c'est leur support qui est inquiétant. Un premier enduit de chaux a été déposé sur le bâti en briques au XIIIe siècle puis un second, toujours en chaux, au XVIe siècle. A plusieurs reprises, on a constaté des infiltrations. Les deux couches d'enduit ont travaillé puis ont séché, ce qui a réduit l'adhérence entre elles et avec le bâti ».
Et ce qui devait arriver arriva lors du premier trimestre 2008, lorsqu'un morceau de la voûte d'environ un mètre carré, s'est soudainement détaché pour venir se briser dans la nef, quelque trente mètres plus bas. Il n'y avait fort heureusement personne dessous. « On ne peut pas se permettre une nouvelle chute, prévient Patrice Calvel, d'abord c'est particulièrement dangereux pour les gens, ensuite le morceau de peinture est définitivement perdu, or il faut rappeler que ces peintures sont uniques en Europe et en Occident ».
« rien n'est prévu »
Alors Patrice Calvel s'est depuis déjà longtemps lancé dans une croisade pour sauver ce patrimoine extraordinaire. « Pour l'instant, assure-t-il, aucun programme de restauration n'est prévu. Je suis prêt à participer et élaborer un projet d'études, même si ce n'est pas moi qui conduis les travaux, pour entreprendre une grande restauration, je dois d'ailleurs prochainement rencontrer le préfet sur ce sujet. À mon niveau je ne peux qu'alerter, le préfet a lui la capacité pour mobiliser l'administration centrale et je crois savoir que dans le Tarn, il n'est pas insensible à la sauvegarde du patrimoine ».
« des frayeurs»
Dans son plan de relance, le gouvernement va débloquer 100 millions d'euros pour le patrimoine. « Midi-Pyrénées est le parent pauvre, estime Patrice Calvel, 500 000 € ont été alloués à la cathédrale de Rodez et 200 000 € à celle d'Albi. Une somme qui va être engloutie par les travaux actuels autour du clocher et pour consolider les gargouilles. À lui seul l'installation et le démontage de l'échafaudage revient à près de 60 000 €».
Et ce n'est pas le prochain classement de la cathédrale au patrimoine de l'humanité qui va changer les choses. « Le classement ne génère pas de subventions internationales », conclut Patrice Calvel. C'est même un motif d'inquiétude pour Jean-Louis Biget. « Tous les hôteliers souhaitent des touristes en plus avec le classement. Moi aussi. Mais un afflux de visiteurs risque de soulever plus de poussière, de modifier la température mais aussi l'hygrométrie et de nuire à la conservation. »
« Il faut ménager les fresques en ne faisant pas de spectacles avec un éclairage trop intense qui entraîne des risques d'oxydation à la lumière », appelle le photographe Michel Escourbiac. Les Bâtisseurs de Sainte-Cécile « son et lumière il y a quelques années » ont donné « des frayeurs » rétrospectives à cet autre spécialiste. « Il faut préserver cette attraction touristique ».