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| Sujet: Le musée caché de la République - La Tribune de l''Art - 21 mai 2009 Ven 22 Mai 2009 - 14:31 | |
| Lors de votre prochaine pose café, je vous conseille de lire le dernier article de Didier Rykner sur les dépots d'état placés dans nos plus illustres institutions (Elysée, Sénat, Assemblée nationale...) Pour vous mettre l'eau à la bouche, juste un petit morceau choisi : . Depuis 1853, le Sénat conserve un tableau de l’Albane appartenant au Louvre (ill. 2). Cette Allégorie de la Fécondité n’a pas d’équivalent dans ce musée. Conservée dans les appartements privé du président du Sénat (Salon d’angle du 1er étage très précisément), il n’est évidemment pas accessible au public. Cela n’a pas empêché Christian Poncelet, alors titulaire de ce poste prestigieux, de se comporter comme en terrain conquis.
En décembre 2000, le département des peintures du Louvre proposait au Sénat, en échange du tableau de l’Albane venu au Louvre pour une exposition, de conserver celui-ci et de déposer soit une œuvre peinte d’après Marcantonio Franceschini, soit un autre Albane, Vénus et Adonis. Le Louvre agissait d'ailleurs fort diplomatiquement sans souligner qu’aucun de ces dépôts n’était plus légitime et qu'il aurait pu, tout simplement, garder l’Albane du Sénat sans rien demander à personne. On ne fâche pas le président du Sénat. Bien que cette offre fut déjà fort généreuse, celui-ci prit pourtant la mouche.
Dans une lettre d’indignation belle comme l’antique, le chef de la Questure se plaignit auprès du ministre de la Culture d’alors, Jean-Jacques Aillagon, des mauvaises manières que lui faisait le Louvre. Après avoir expliqué qu’il prenait soin de ses dépôts (c’est bien le moins) et qu’il les « prêtait » généreusement (quelle magnanimité !), il se fendait d’une belle contre-vérité, affirmant sans sourciller que le Sénat « veill[ait] à ce qu’ils puissent être admirés très largement par les nombreux visiteurs du Palais du Luxembourg (300.000 par an). » La plupart de ces œuvres, conservées dans les bureaux de la Questure ou à dans les appartements du président ne sont pas visibles du public. Pour montrer leur grosse colère, les questeurs unanimes avaient donc décidé « de ne plus répondre favorablement pour l’instant aux demandes de prêts extérieurs qui l[eur] ser[aient] adressées. ».
On ne mécontente pas le président du Sénat, on l’a déjà dit. Le ministre s’empressa donc de lui donner satisfaction, s’engageant à ce que ces vilaines manières ne se reproduisent plus, et présentant même ses excuses pour tous ces désagréments | |
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