Le Louvre est une bonne affaire pour la France
Claire Bommelaer
Le Figaro 05/06/2009
Une étude montre qu'il rapporte dix fois plus qu'il ne coûte et génère entre 600 millions et 1 milliard d'euros de recettes par an.
Le Louvre, premier musée au monde en termes de fréquentation, est devenu une véritable entreprise culturelle, voire un centre de profit. Selon une étude du Centre économique de la Sorbonne rendue publique hier, le Louvre générerait entre 600 millions et plus d'un milliard d'euros de recettes par an. À titre de comparaison, la subvention publique versée chaque année par l'État au musée est de l'ordre de 110 millions d'euros, et son budget de fonctionnement, de 175 millions.
« Le moins que l'on puisse observer, c'est que l'État ne nous finance pas à fonds perdus », se réjouit Henri Loyrette, président du Louvre. En dehors des rentrées d'argent classiques, comme le prix des billets d'entrée, les factures du mécénat ou les frais de location d'espace, les chercheurs du Centre économique de la Sorbonne ont tenté d'isoler les effets économiques indirects générés par le musée. Soit tout ce qui vient en plus et tout ce qui a été dépensé grâce ou à cause du Louvre.
En moyenne, un touriste étranger passe deux jours et demi à Paris. Une bonne partie d'entre eux, mesurée par des enquêtes menées à l'aéroport, ont pour « motivation essentielle » d'arpenter des musées et le patrimoine français, notamment le Louvre. À ce titre, l'étude affirme que le premier musée français est « responsable » de l'équivalent de 391 millions d'euros de dépenses touristiques par an.
Générer des emplois
Le même raisonnement est appliqué avec les éditeurs de livres d'art, les producteurs de films dans lesquels le Louvre apparaît, les restaurateurs, etc., qui gravitent autour du musée. Le rapport se penche même sur les rentrées fiscales nettes, et les éva lue entre 37 et 82 millions d'euros. Tout cela, estime l'économiste Xavier Greffe, peut être retranscrit en termes d'emplois. La maison Louvre emploie environ 2 000 personnes. Mais son activité au sens large représenterait quelque 21 000 emplois, soit un rapport de un à dix.
Dans l'imaginaire collectif, les institutions publiques liées à la culture sont source de dépenses plutôt que de profits. Les extraordinaires collections du Louvre sont par essence inchiffrables, puisqu'elles ne sont pas cotées sur le marché. « Or, on voit ici que le Louvre est un centre d'activité, et qu'il a une légitimité économique », explique Xavier Greffe.
Depuis quelques années, la part des subventions publiques dédiée aux musées nationaux a d'ailleurs tendance à diminuer au profit de la manne du secteur privé. L'année dernière, le mécénat, les concessions ou les locations d'espace ont représenté plus de la moitié des ressources du Louvre. Grâce à cette étude, on comprend que cet argent privé profite largement à la collectivité.