Connaissez-vous le beau marcillac qui tache ? . (auréole, nettoyage, vin)

Bonjour à tous,
Récemment, j'ai fait un devis pour un privé propriétaire d'une peinture sur toile contemporaine. Lors d'une petite fête, l'un des invités a cru bon de partager son verre de vin rouge - un marcillac qui tâche - à la toile.
Bilan : une grande partie de la surface est parsemée de gouttelettes rouges.





Comme vous pouvez le voir sur ces photos, le problème est qu'une grande partie de la zone tachée est à même la toile. Cette toile a reçu un encollage préalable (aux dires du propriétaire, il s'agirait de colle de peau). Mon travail consiste donc à retirer ou à défaut atténuer les taches sur la toile, le propriétaire préférant faire appel au peintre pour les reprises de couche picturale.
Il semble que le vin soit constitué d'alcools, acides, sucres, eau, tanins,...
J'ai bien entendu prévu de réaliser une série de tests (mécaniques, chimiques,...) afin de déterminer le protocole d'intervention et d'engager le propriétaire sur un coût d'intervention.
Si l'atténuation n'est pas satisfaisante, j'envisage de calmer avec de légers glacis colorés.

Avez-vous déjà eu affaire à ce type d'altération ? Comment y avez-vous remédié ?

Merci pour vos réponses,

Cordialement,

Antoine Maury

hips, jamais encore gaspillé du vin pour repeindre les murs !!!
quels dommages ...

non sans rire, tu ne vas pas t'amuser pour enlever des taches de vin sur une toile encollée à la colle de peau.

je dirais sans aucune garantie, que chimiquement les taches de vin sont solubles dans la même chose que la colle de peau : les solvants polaires.

Sur ce genre de peinture, je m'attendrais à faire des tâches même avec de l'eau déminéralisée !

c'est encore un cas de nettoyage où il faudra jongler entre une action chimique, malheureusement difficilement contrôlable, la plus localisée possible (gel, compresses) et une action mécanique la plus précise possible (sous loupe binoculaire).

ce n'est pas très encourageant comme message ? désolé !

Arggghh !!! Pas très encourageant en effet !!!
Et au gros sel, ça ne marcherait pas?
Merci en tout cas Françoise, je vous tiens au courant pour la suite...
Antoine

Cher Antoine,

En effet ton cas n’est pas simple et je suis comme Françoise, je ne suis pas sure que je mettrais quoi que ce soit sur cette toile, surtout pas de l’eau. Ton « Marcillac » a dû totalement imprégner la fibre.
Je crois que je ferais un tableau test avec une toile de lin tendue, encollée sur une moitié et aspergée de vin rouge. Ensuite, je me lancerais sur des essais. Peut-être avec de la terre de Sommières en faisant de petits cataplasmes sur les taches.
Mais comme cela a priori, je ne crois pas que l’on puisse arriver à un nettoyage totalement satisfaisant.
Bon courage tout de même

Il me vient une idée un peu tordue :
le problème quand on nettoie une couche picturale soluble à l'eau avec une solution aqueuse c'est de voir se solubiliser le liant et donc de faire des auréoles, ça revient à modifier la concentration de liant de la cp à l'endroit qui a été mouillé. Donc en poursuivant cette idée, pourquoi ne pas essayer d'employer une solution de colle de peau en application ou en compresse pour le nettoyage (colle de peau + eau + antifongique).

Une expérience d'auréoles:

Avec une collègue j'ai eu l'occasion de travailler sur des détrempes particulièrement pulvérulentes dont le refixage a laissé après séchage et de manière tout à fait imprévisible quelques rares auréoles.
Ces dernières correspondaient vraisemblablement à un déplacement de crasse et de substances colorées diverses: tannin du panneau sur lequel était monté la toile, parties solubles d'un pigment vert. Bref un vrai bonheur!
Après différents essais, nous avons opté pur l'absorption des auréoles avec de la terre de Sommières.
Le plus délicat fut de définir la mise en œuvre de l'intervention. Les premiers tests avec la terre déjà humectée ont abouti à l'arrachage de la strate supérieure de la couche picturale composée de plusieurs couches de blanc de craie à la colle. Les tensions générées lors du séchage de la terre et son pouvoir collant sur certains substrats sont surprenants.
Les meilleurs résultats ont été obtenus en humidifiant au préalable à l'eau, la frange de l'auréole au moyen d'un nébuliseur. La terre saupoudrée avec un petit cône en papier sulfurisé a été humidifiée de la même façon puis éliminée quand son séchage a provoqué des petites fissures à sa surface.
La répétition de l'opération n'a pas été parfaite, mais le résultat positif ( l'auréole était encore sensible) quatre fois sur cinq , sans que l'on puisse différentier visuellement les cas au début de l'intervention.
Je te souhaite comme LN: Bon courage!

Cher tous,
Merci pour vos conseils (ce forum est décidément très réactif!)
J'attends la décision du propriétaire et je me lance dans mes tests...
Pourvu que ça marche !

J'espère mon cher Antoine que tu nous tiendras au courant de tes tests. Et c'est promis, si ça marche, on ouvrira une belle bouteille ...