francois Invité
| Sujet: Propositions de l'ACRMP à la Région,juin 2007 Ven 29 Fév 2008 - 6:17 | |
| Les membres de l’ACRMP ont été conviés aux ateliers du patrimoine le 7 mars 2007 et suite à la suggestion de M. Grellety, notre association se permet de vous faire part de ses remarques et de ses propositions. Nombreux se sont interrogés lors de cette journée sur la définition du terme patrimoine et de ce qu’il englobe aujourd’hui, du patrimoine « virtuel » aux us et coutumes locales. Nous souhaitons débattre essentiellement de la conservation-restauration du patrimoine classé et inscrit, de la préhistoire au monde moderne, patrimoine pour lequel les membres de notre association consacrent leur profession. Beaucoup d’entre nous exercent en Midi-Pyrénées et dans les régions avoisinantes depuis plus de dix ans et l’on peut constater que si le patrimoine en Midi-Pyrénées est sinistré, cela est dû non seulement à la maigreur des budgets des différents partenaires (Etat, Région, Départements, Collectivités locales), mais également à l’insuffisance d’une politique patrimoniale concertée. Voici cinq points qui sont pour nous primordiaux dans la mise en place d’une gestion cohérente du patrimoine au plan régional et qui concernent l’ensemble des acteurs : - 1- La valorisation du patrimoine repose sur un patrimoine de qualité, documenté, étudié, restauré, conservé. Sans ces critères, il ne peut y avoir de valorisation locale ou nationale. La valorisation se fait par l’accueil des touristes, mais aussi par la diffusion de l’existence de ce patrimoine au travers de recherches, de colloques, de publications, d’évènements. Un patrimoine, aussi local et petit soit-il, si son intérêt historique est avéré, peut être relié à un courant historique et artistique plus vaste. En ce sens, l’étude, la recherche, la restauration s’inscrivent dans la durée et garantissent une retombée économique sur le long terme, et non événementielle.
- 2- Ceci suppose la création de pôles de compétences qui devraient collaborer avec le Service de l’Inventaire, la DRAC et les CAOA.
Les compétences dûment qualifiées existent dans la région Midi-Pyrénées et sont nombreuses : universités, CNRS, Ecole de Chimie, INPT, Cnam, restaurateurs, architectes du patrimoines… Ces pôles de compétences pourraient intervenir en amont de la valorisation pour : - définir les priorités selon différents critères : urgences de conservation, valorisation du territoire, intérêt intrinsèque de l’œuvre…. - documenter et valider les projets : étude, analyses, examens - préciser les états de préservation : études, conseils, évaluations. Les partenaires disposeraient alors d’une validation scientifique et technique du projet et d’un cahier des charges estimatif de sa mise en valeur, dont les axes seraient donnés aux propriétaires et aux entreprises consultées. Les pôles de compétences représentent une garantie éthique et déontologique pour les partenaires financiers. Ils offrent des moyens aux maîtres d’œuvre et garantissent les niveaux de compétences requis, les choix, la coordination des compétences nécessaires.
- 3- La création d’une ligne budgétaire « gestion du patrimoine » qui permettrait :
- La conservation et la restauration du patrimoine régional. - La prise en charge des urgences, qui à l’heure actuelle ne peuvent parfois, faute de budget, être assurées. - Les analyses et la recherche documentaire, notamment via les pôles de compétences. - Un meilleur accès des œuvres pour le public : trop d’objets sont restaurés sans que par la suite le public ne puisse y accéder, notamment parce que les églises, qui recèlent une grande partie des objets mobiliers de la région, restent fermées. Un travail pourrait être engagé avec les offices de tourisme et les collectivités afin de mieux rendre accessible ce patrimoine, par exemple en créant des « routes du patrimoine et des objets mobiliers ». - La diffusion des actions menées. Si celle-ci peut se faire via les médias, la mise en place, après intervention de conservation-restauration, de supports (vidéo, audio-phone, panneaux, plaquettes…) illustrant ce travail, permettrait non seulement de faire mieux connaître au public cette profession, mais aussi de valoriser l’implication des différents partenaires financiers.
- 4- Le transfert de connaissances
Sujet débattu dans un des ateliers du patrimoine, la formation à développer en Midi-Pyrénées ne peut prétendre remplacer les formations nationales existantes, ni former des « petites mains » qui n’auront aucun avenir. Selon nous, le transfert de connaissances des conservateurs restaurateurs doit se faire vers les partenaires suivants, de façon à établir les bases d’un langage commun : - architectes du patrimoine - élus - partenaires financiers - associations du patrimoine - animateurs du patrimoine - CAUE - Personnel des offices de tourisme. Ce transfert porterait sur la déontologie, l’éthique, les objectifs des interventions, leurs limites, la maintenance comme garantie de la conservation du patrimoine dans le long terme. - 5 – Information et diffusion, gages de la valorisation
Si des panneaux signalent généralement les travaux en cours, il y a trop peu d’information destinés aux locaux, aux touristes, au grand public, aux scolaires. L’information locale et une diffusion plus large au plan national seraient l’occasion de sensibiliser le public à la conservation du patrimoine, d’expliquer les choix et les investissements réalisés, et seront aussi un moyen de valoriser les actions menées au plan régional. Les restaurateurs ne sont que trop rarement sollicités pour participer à ce type d’action, alors que le public est fasciné par les transformations opérées selon des choix précis. Enfin, le tourisme patrimonial ne semble pas suffisamment pris en compte dans notre région qui semble favoriser les critères de confort d’accueil et négliger la découverte et la connaissance de notre patrimoine. A l’époque d’Internet, un patrimoine scientifiquement valorisé et conservé est certainement un gage de retombées touristiques importantes et durables.
Les membres de l’Association des Conservateurs Restaurateurs de Midi-Pyrénées, se proposent d’apporter leur concours et leur participation à toute initiative relevant de ces propositions qui nous semblent aller dans le sens d’une bonne gestion du patrimoine régional. Nous nous permettons enfin de rappeler que la pérennité des ateliers de conservation-restauration installés en Midi-Pyrénées dépend de l’ensemble de la politique patrimoniale régionale. L’absence de budgets suffisants non seulement met en péril les entreprises spécialisées, mais les empêche d’investir, d’embaucher et de se projeter dans l’avenir. |
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