Nicolas Sarkozy instaure la gratuité des musées et monuments pour les moins de 25 ans
LE MONDE | 13.01.09 | 11h48 • Mis à jour le 13.01.09 | 13h26
Une rallonge budgétaire, un Conseil pour la création artistique et surtout l'entrée gratuite dans les musées et monuments nationaux pour tous les jeunes de 18 à 25 ans : Nicolas Sarkozy a annoncé à Nîmes, mardi 13 janvier, à l'occasion de ses "vœux à la culture", une série de mesures en faveur du secteur.
La décision la plus spectaculaire est la gratuité dans les cinquante musées nationaux pour les jeunes de moins de 25 ans et les enseignants. Pendant la campagne présidentielle de 2007, le candidat Sarkozy s'était prononcé en faveur d'une entrée libre pour tous dans ces établissements. Prenant modèle sur le Royaume-Uni, il y voyait un moyen d'ouvrir l'accès à la culture aux catégories les plus défavorisées.
Malgré l'opposition de la plupart des musées qui craignaient un appauvrissement de leurs ressources, et les réserves de la ministre de la culture, Christine Albanel, une expérimentation était lancée pendant le premier semestre 2008 dans quatorze musées nationaux. Pour le ministère, le constat était clair : au lieu d'attirer de nouveaux publics, la gratuité permettrait à ceux qui allaient déjà au musée d'y retourner. Pourquoi alors se priver des ressources apportées par les touristes (80 % des entrées payantes au Louvre et à Versailles) ?
En novembre 2008, le ministère devait donc annoncer un dispositif beaucoup plus timide : une journée de gratuité pour les 18-25 ans par semaine – les musées sont déjà gratuits pour les mineurs. Et patatras ! Le débat sur l'audiovisuel qui se prolonge, la crise qui frappe l'Europe… Finalement, l'Elysée a décidé d'étendre à toute la semaine cette mesure en faveur des jeunes, "le public le plus sensible à l'effet prix", a toujours souligné Christine Albanel. Elle concernera, outre les cinquante musées dépendant directement de l'Etat (culture, défense, éducation nationale), une centaine de monuments nationaux parmi lesquels l'Arc de triomphe, les châteaux de Versailles, Chambord et Fontainebleau, le Mont-Saint-Michel ou encore le Panthéon.
Les musées verront-ils cette mesure, qui entrera en vigueur le 4 avril, compensée par une augmentation de leur subvention ? Au ministère, on refusait de commenter, pas plus que de chiffrer l'ensemble de la mesure.
GAGES AUX ARTISTES
Parmi les autres décisions de ce discours en quatorze points, le chef de l'Etat a confirmé une augmentation de 100 millions d'euros du budget de restauration du patrimoine. L'effort annuel est alors porté à 400 millions d'euros. Dans le même temps, le président entend "encourager aussi le mécénat et l'exploitation par des acteurs privés", une lourde tâche en ces temps de crise où les entreprises hésitent à s'engager en faveur de la culture.
Le président a aussi donné des gages aux artistes et techniciens du spectacle vivant. Un rapport de plusieurs inspecteurs généraux remis en novembre 2008 pointait en effet l'étendue du déficit (1 milliard d'euros par an) du régime des intermittents. La profession était agitée de rumeurs sur la suppression partielle des annexes VIII et X de la convention. Nicolas Sarkozy s'engage à "préserver la spécificité du régime de l'intermittence dans la réforme de l'assurance-chômage".
Nicolas Sarkozy a, de plus, annoncé la création prochaine d'un Musée de l'histoire de France installé dans "un lieu symbolique" qui reste à choisir, pour "renforcer l'identité" du pays.
Il promet également l'adoption "aussi vite que possible" par l'Assemblée nationale de la loi Création et Internet, destinée à lutter contre le piratage sur la Toile. Enfin, il annonce la mise en place d'un "conseil pour la création artistique, présidé par le président de la République". Son objet, son fonctionnement ? Mystère. On ne connaît pour l'heure que son coanimateur, aux côtés de la ministre de la culture : Marin Karmitz. A rebours de toute la profession, le producteur de cinéma s'était prononcé en faveur de la loi audiovisuelle. Nicolas Sarkozy l'en remercie.
Nathaniel Herzberg