Prélèvements de moisissures
Ou les « experts » au pays des champignons.
Evidemment je ne suis pas biologiste, évidemment je ne suis pas une experte, mais jusqu’à présent, la microbiologiste avec laquelle je travaille a toujours trouvé que tout allait très bien avec mes prélèvements. Alors voilà comment je m’y prends.
1. les prélèvements non destructifs par empreinte à l’aide d’écouvillons stérilesJe localise la zone à prélever sur une photo générale de l’œuvre, fais une photo de détail avant prélèvement en prenant soin de mettre une échelle métrique et c’est parti.
A l’aide d’un écouvillon stérile sans gélose, je déroule mon coton sur la zone à étudier, je remets immédiatement dans le tube et n’oublie pas d’étiqueter.
Où se procurer des écouvillons stériles : chez les fournisseurs de labo d’analyses médicales (mais attention au conditionnement, on a rarement besoin de 500 tubes) ou beaucoup plus simple, directement dans le labo d’analyses médicales où vous vous rendez habituellement (je l’espère pour vous pas trop souvent). Le biologiste sera ravi de vous rendre ce petit service surtout lorsque vous lui aurait expliqué pourquoi vous en avez besoin.
Attention ne stockez pas indéfiniment ces tubes, ils ont une date limite d’utilisation.
2. les prélèvements non destructifs par empreinte à l’aide de ruban adhésifComme chez moi, je ne suis ni à Manhattan ni à Miami, c’est vers Mac Giver que je me suis tournée. J’utilise un ruban adhésif de type « Scotch cristal ». Evidemment j’évite le vieux rouleau qui traîne dans le tiroir depuis 10 ans et avant de commencer je prépare tout mon matériel.
Comme pour les autres types de prélèvements, je fais une vue générale de l’objet pour pouvoir localiser le prélèvement et une photo de détail avant prélèvement éventuellement.
Ensuite, je prépare une boite alimentaire neuve de type boite pour congélation que je désinfecte à l’éthanol ou au Stérillium. Je nettoie la boite et le couvercle et je laisse bien évaporer (il faut que ce soit sec).
Je déroule ensuite une bande de scotch que je coupe proprement (lame de scalpel stérile), j’applique le centre de ma bande sur la zone à prélever, puis je forme une boucle avec ma bande et je la positionne sur le couvercle de la boite. A l’aide d’un feutre à l’alcool, je numérote chaque prélèvement.
Une fois, les prélèvements réalisés, j’utilise la boite comme « couvercle » pour pouvoir expédier mes prélèvements au labo sans que mes scotchs soient écrasés et donc difficilement utilisables.
Remarque : évidemment ce type de prélèvement n’est applicable qu’au revers (support bois, toile, châssis). Il permet de « dégrossir » le terrain. Ces échantillons ne seront pas mis en culture.
Où se procurer du Stérillium : en pharmacie. Cette solution alcoolisée (mais inadaptée pour les cocktails) est principalement utilisée dans le monde hospitalier. Commercialisée par Beiersdorf, elle sert normalement à la désinfection des mains.
3. les prélèvements micro destructifs de fragments de matériaux :Comme toujours, une petite photo pour la cartographie et une photo de détail lorsque c’est possible.
J’utilise dans ce cas une lame de scalpel neuve (et de préférence stérile) et je mets mon prélèvement dans un petit tube propre et neuf (voir photo)
Où se procurer ces tubes : chez Gosselin par exemple ( http://www.plastiques-gosselin.fr/fr/ ) Attention ils sont vendus par 1000. Sinon, vous avez toujours votre biologiste préféré.
Ce type de conditionnement convient par exemple pour un prélèvement de colle de rentoilage (goutte au revers ou prélèvement entre les deux toiles sur les bords).
Lorsque le prélèvement est plus gros (type gravats du mur d’accrochage), je passe au sac plastique alimentaire.
4. Stockage et conservationEn général, lorsque je dois prélever, je me mets d’accord avec le biologiste pour être sure que mes échantillons ne restent pas 10 jours dans sa boite aux lettres.
Une fois tous les prélèvements réalisés, je mets tout au frigo (dans le bac à légumes).
Avant d’aller à la poste, j’emballe bien tout, dans du plastique bulle ou dans une boite de polystyrène et j’envoie mon colis en Chrono ou Colissimo 48H00 maxi.
5. Sexy en toute occasionSuivant l’ampleur des dégâts, je vous conseille fortement de prendre vos précautions. Je mets donc des gants, une charlotte, une blouse (que je lave après toute seule) et un masque de type masque de chirurgie. Cela peut vous sembler un peu trop mais mon dernier cas était d’ampleur – voyez vous-même.
Sachez enfin que certaines souches sont fortement pathogènes.
Où se procurer des charlottes et des masques (très tendance pour ce type de travaux) : dans votre pharmacie habituelle. Attention, lorsque vous commanderez pour la première fois, cela risque d’être un peu long.
6. Dernier conseilIl est impératif de toujours discuter avec le biologiste afin de s’assurer que le protocole établi lui convient. Il est aussi utile de lui faire un petit topo sur l’objet (matériaux, restaurations antérieures, conditions de conservation), cela l’aidera dans son travail.
7. Enfin :Soyez patient avec votre labo d’analyse, lorsqu’il y a mise en culture (pour les prélèvements avec écouvillons), il faut trois semaines au moins pour avoir les premiers résultats oraux, un peu plus pour les définitifs et encore un peu de patience s’il y a besoin de réaliser un antifongigramme.