Jules César sauvé des eaux du Rhône
Marie-Douce Albert
16/05/2008 | Mise à jour : 10:33 | Commentaires 54
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Un marbre de l'empereur, le front ridé, peut-être exécuté de son vivant, a été découvert dans le fleuve à la hauteur d'Arles en 2007.
Le Rhône a sans doute livré la plus ancienne effigie connue de Jules César: un buste, peut-être même réalisé du vivant de l'empereur romain, du temps où il ¬établissait la colonie d'Arles, en 46 avant J.-C. Le marbre grandeur nature, très réaliste, montre un bel homme qui commence à prendre de l'âge, la calvitie ¬apparente et le front ridé.
La découverte a été faite à l'automne 2007 dans les eaux du fleuve, à hauteur d'Arles, alors que le département des recherches archéologiques subaqua¬tiques et sous-marines (DRASSM) du ministère de la Culture menait une campagne de prospection.
Et César ne reposait pas seul. « Depuis vingt ans que je plonge dans le Rhône, c'est la première fois que je vois une telle moisson », raconte Luc Long, directeur des fouilles. Avec son équipe, il a mis la main sur « plusieurs pièces qui se volent toutes plus ou moins la vedette ». Par 8 à 14 mètres de profondeur, sous des pierres, ils ont aussi découvert un très beau Neptune en marbre de 1,80 mètre, en morceaux, et qui a pu être reconstitué, d'un bronze de 70 centimètres qui pourrait représenter le satyre phrygien Marsyas, sans doute d'origine grecque hellénistique, ou encore d'une Victoire de bronze de 70 centimètres également. Sans parler des fragments de chapiteaux, des colonnes ou des stèles.
Un ensemble spectaculaire
La découverte de cet ensemble spectaculaire a été tenue secrète plusieurs mois afin notamment de « sécuriser le site », explique Michel L'Hour, directeur du DRASSM. Le temps aussi de décider de la suite des événements. En effet, tandis que le ministère de la Culture précise que certaines de ces pièces rejoindront le Musée dépar¬temental de l'Arles antique, Luc Long estime que « nous n'avons sans doute trouvé que la partie visible de l'iceberg ». Une deuxième mission est programmée cet été pour aller voir ce qui se cache encore sous les sédiments.
Les recherches permettront peut-être de déterminer la raison de la présence de ces vestiges dans le Rhône. Sont-ils les restes magnifiques d'édifices démolis ou des objets devenus obsolètes que l'on a employés pour renforcer des quais ou remblayer le fleuve? Luc Long se demande, par exemple, si le César n'a pas été jeté dans le fleuve après que son modèle a été assassiné et qu'il était devenu peu pertinent de conserver son effigie. Ou alors s'agit-il des décombres d'édifices emportés par une crue?