Allègement, amincissement...? . (vernis, nettoyage, brillance, solvants, méthode)

Bonjour,
pour ma première intervention dans ce forum je me lance avec une question d'école (j'en ai des valises si vous voulez!). Pourriez vous me faire un bref résumé de vos techniques pour alleger un vernis. Les produits et principalement le geste, le coup de main..
Les produits dépendent bien sur du type de vernis à amincir mais je n'ai pas la manière: deux batonnets de coton à utiliser successivement? Comment doser? Je régénère, tu blanchies, il microfissure, etc..
Alors j'ai fouillé dans les revues, les articles, les livres mais les détails sont trop rares voire inexistants et Paris est bien loin.
En vous remerciant pour votre aide!
Julie

ho, ho, ...
vaste question, qui demande quelques précisions :

pourquoi veux-tu l'amincir ou l'alléger ?
c'est quoi comme vernis ?
qu'y-a-t-il dessous ? une peinture à l'huile ? ancienne ? dans quel état de conservation ?

Bonjour Julie,
Comme Françoise, je pense qu'il est absolument nécessaire de définir à la fois le type d'intervention souhaitée (pourquoi l'allègement plutôt que le devernissage, as-tu réalisé des opérations de conservation au préalable...), les matériaux en présence (quel vernis, quelle couche en dessous...) et l'état de conservation de ta stratigraphie (adhésion, cohésion, perméabilité des couches ...) avant de pouvoir te répondre.
Peux-tu nous apporter des précisions ?

Bonjour Julie,

hé bien pour une première intervention tu y vas très fort. Un peu trop peut être et il est à craindre que mes collègues "ravaleur de surface " ne bottent en touche.
Essaie plutôt une question du genre faussement naïve: comment réussissez vous à doser la quantité de solvant sur votre coton?, faut' il s'en préoccuper?, utilisez vous ces petits récipients qui délivrent une dose de solvant quand on appuie sur leur couvercle?
Rassure toi, nous avons tous des valises de questions dans ce genre, mais nous n'osons pas souvent les poster. Alors bravo et continue.

Bonsoir,
je vous remercie pour vos réponses..et vos questions. Vous avez raison , un allègement n'est pas anodin et votre méfiance est plutôt rassurante (mais d'où sort -elle ??? qu'est ce qu'elle va nous décaper?).
J'ai utilisé "allègement" mais je ne sais pas trop si c'est le bon mot : on me demande d'attenuer des brillances...Bon..
En ce qui concerne les étapes préalables au traitement, tout a été fait, discuté, pesé, machouillé. Je vous évite donc les débats sur la déontologie et sur la justification de ce traitement. Pour ce qui est des couches inférieures, je m'en débrouille, cela varie en fonction des objets (cc aqueuses pulvérulentes, huile, etc).
Quand on a dit ça, je me retrouve quand même avec divers objets peints, repeints, re-vernis et encore vernis dont les angles brillent trop. Les tests sont concluants, les vernis sont solubles dans les solvants courants (ça me change de la bronzine) mais je n'arrive pas à l'amincir correctement.
Une autre question m'assaille: un amincissement atténue t'il les brillances ?
Je vais surement pouvoir faire quelque chose (du fond de teint ou une bonne éponge qui gratte..) mais je risque d'avoir quelques remords!
Merci encore!!

atténuer les brillances d'un vernis ne nécessite pas forcement de l'éliminer, la brillance est un phénomène optique de surface.
as-tu déjà eu recours aux vernis mates

autre question : c'est quoi les solvants courants ?

Bonjour Julie,
Alors comme ça tu n’as pas eu peur des vilains « ravaleurs de surface » et tu persistes ? En tant qu’administrateur du forum je me réjouis de ton acharnement et je vais essayer à mon tour de te répondre. Le phénomène de brillance que tu nous décris semble se produire sur la surface d’une sculpture. La brillance ou la matité d’un vernis est un problème lié à la surface : si la surface présente des irrégularités, elle réfléchie la lumière de façon diffuse et l’aspect sera mat.
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En revanche si la surface est très lisse (sans défaut de planéité), alors la lumière se réfléchira toujours avec le même angle et l’aspect sera alors brillant.

Si tu dois seulement régler un problème de brillance à la surface de ta sculpture, alors plusieurs options sont possibles, dont l’amincissement. Mais avant d’aller plus loin, il me semble que les polychromies de sculptures sont rarement vernies : es-tu sûr que la tienne l’était à l’origine ?

Hé bien oui, je suis une acharnée.
Les sculptures ne sont pas tjrs vernies... mais dans les musées ethno, trad, locaux, art populaire, château ou maisons natales....., comme tout le monde le sait ici, on trouve de tout et surtout des couches de vernis provenant des placards des femmes de ménage.
J'apprécie vraiment les petits croquis (ça remet les choses au clair!) et je réalise bien que si je n'arrive pas à trouver une solution c'est que ce traitement n'est pas justifié.. Et discuter sur ce forum m'a permis d'avancer sur ces oeuvres (petites retouches ponctuelles au regalrez rapportées sur le dossier, merci Françoise )
Mais ma question devient maintenant générale (malheur, elle ne nous lache plus!): bon sang de bonsoir, comment faites vous pour amincir un vernis ?!
Je compte bientôt lancer des questions sur les salaires....désolée.

si tu utilise "des solvants classiques" (je ne sais pas si ma gamme de solvants se superpose avec la tienne car tu n'as pas répondu à ma question d'hier) le principe est de trouver un liquide dont la structure moléculaire est proche de celle de ton vernis. Le mélange de solvants est sous forme liquide, ton vernis est sous forme solide et les deux ont une structure semblable, il se créé des interactions physico-chimiques entre les deux et cela forme un amas gluant qui s'ôte au coton.
tout cela est finement dosé grâce aux paramètres fractionnels de solubilité.
je renvoie une nouvelle fois à cet article que vous pouvez télécharger en ligne et qui explique tout cela de manière limpide :
http://aic.stanford.edu/sg/bpg/annual/v03/bp03-04.html
John Burke, Solubility Parameters: Theory and Application


le terme d'amincissement ou allégement de vernis que l'on trouve dans les devis ou les rapports de traitements suppose des conditions particulières d'emploi des produits de nettoyage : il faut assurer une action chimique seulement au niveau de l'interface.

comment faites vous si vous n'avez pas le fluide ????

Julie CM a écrit:

Les sculptures ne sont pas tjrs vernies... mais dans les musées ethno, trad, locaux, art populaire, château ou maisons natales....., comme tout le monde le sait ici, on trouve de tout et surtout des couches de vernis provenant des placards des femmes de ménage.

As-tu une idée de la nature des vernis en question ? Par expérience, ces "fées du logis" ont tendance à tout cirer, surtout les sculptures lorsqu'elles présentent de la dorure. Serait-ce le cas ici ou s'agit-il d'un véritable vernis, type vernis à meuble ?

Julie CM a écrit:

Je compte bientôt lancer des questions sur les salaires....désolée.

Ne soit pas désolée. Je t'invite à aller voir le sujet "la 10ème pizza gratuite" dans le rubrique "le poids des mots" peut-être cela pourra être une bonne amorce pour ton nouveau sujet.

A bientôt donc

Tout d'abord: bravo pour la pizza!
Bon,j'ai un peu plus travaillé. Mon vernis est soluble dans les cétones, alcool et hydrocarbures, avec une faible fuorescence sous UV; cela pourrait bien être une résine naturelle, terpène, peut-être de la colophane mais là je m'avance.
Et le malheur (ou le plaisir, ça dépend des jours) quand on débute, reste qu'il faut tout reprendre à zéro: je dois absolument me plonger dans le triangle de solubilité.
Merci encore pour le coup de pouce que vous m'avez donné.

Pour compléter le propos, je vous signale que je viens de mettre en ligne à la rubrique "Annonce" la liste des stages proposés par l'INP pour 2009 dans laquelle on trouve notamment :

10/06/2009 - 10, 11 et 12 juin 2009
Les méthodes aqueuses utilisées dans le nettoyage des polychromies (niveau 1)
Intervenant : Richard Wolbers, professeur, University of Delaware
Coordinateurs : Géraldine Guillaume, restauratrice MNAM-CCI ; Nathalie Balcar, ingénieur d’études, C2RMF
Public concerné : Restaurateurs de polychromies Tarif : 250 Euros/jour

15/06/2009 - 15, 16 et 17 juin 2009
Les méthodes aqueuses utilisées dans le nettoyage des polychromies (2)
Intervenant : Richard Wolbers, professeur, university of Delaware Coordinateurs : Géraldine Guillaume, restauratrice MNAM-CCI ; Nathalie Balcar, ingénieur d’études, C2RMF
Public concerné : Restaurateurs de polychromies
Tarif : 250 Euros/jour

Julie CM a écrit:

Bon,j'ai un peu plus travaillé. Mon vernis est soluble dans les cétones, alcool et hydrocarbures, avec une faible fuorescence sous UV; cela pourrait bien être une résine naturelle, terpène, peut-être de la colophane mais là je m'avance.

la fluorescence jaunâtre ou verdâtre que l'on voit avec un éclairage ultraviolet donne une image de l'oxydation des résines naturelles.
mais attention :
- si ta résine naturelle n'est pas oxydée il n'y aura pas de fluorescence verdâtre (cela n'en sera pas moins une résine naturelle)
- si ta résine naturelle est très fine et très oxydée la fluorescence sera importante mais la transparence du vernis sera bonne.

il ne faut pas confondre oxydation et transparence.
on peut se satisfaire d'une résine oxydée si elle est très fine car elle a une bonne transparence.

le seul soucis c'est la réversibilité. une résine naturelle devient de moins en moins soluble dans les solvants non polaires en s'oxydant.