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| Sujet: Aglaé, la grâce de l’art - Libération du 4 février 2009 – Vincent Noce Mar 17 Fév 2009 - 15:59 | |
| Aglaé, la grâce de l’art Libération du 4 février 2009 – Vincent NoceTechnologie. L’accélérateur de particules des musées de France a fêté ses 20 ans la semaine dernière. Pourquoi les partitions de Bach tombent-elles en miettes ? Ces douze crânes en cristal de roche, qui déclencheraient sûrement la fin du monde s’ils étaient réunis, sont-ils vraiment hérités des Incas ? Pourquoi les Egyptiens se donnaient-ils tant de mal pour composer leur fard ? Quels stylets métalliques utilisait Pisanello pour tracer un croquis ? Pendant quatre jours, à la fin de la semaine passée, des dizaines de scientifiques venus de toute l’Europe ont échangé quelques certitudes et beaucoup d’interrogations, autour d’un gros bébé appelé Aglaé dont ils ont fêté le vingtième anniversaire. Chambre forte. Aglaé est une des trois Grâces de l’Antiquité, mais en l’occurrence cet acronyme a été choisi pour baptiser le seul accélérateur de particules exclusivement appliqué à l’art, installé au laboratoire de recherche des musées de France. Cet outil permet une analyse extrêmement fine des matériaux sans aucun prélèvement. Jusqu’à 10 000 examens sont pratiqués chaque année dans ce tube de 25 mètres de long, en priorité pour analyser les collections des musées, mais aussi à la demande d’équipes du CNRS, de l’université ou même de laboratoires étrangers. Michel Menu, qui dirige ces recherches, y voit surtout la batterie de canon d’une bataille visant à reconnaître les sciences exactes comme une des disciplines constitutives de l’histoire de l’art. Ouverte par la présidente du CNRS, Catherine Bréchignac, la première journée, à la Maison de la chimie, a connu un succès d’affluence inattendu, avec 850 participants. Ensuite, on s’est enfermé dans la chambre forte sous le Louvre pour des conférences réglées au millimètre dans lesquelles il fut question de PIXE, de spectrométrie de masse et autres joyeusetés. Ainsi était-il indispensable de pouvoir s’interroger de l’effet de l’hélium sur la détection des atomes de recul pour comprendre l’analyse des crânes en cristal, dont tout indique qu’ils sont l’œuvre de faussaires de la fin du XIXe, profitant de l’excitation suscitée par la découverte des sites précolombiens (Libération du 8 mai 2008). De même, une tête égyptienne, fleuron du Louvre, a dû gagner l’enfer, le verre de ses yeux étant tout à fait moderne. En revanche, il a été confirmé que les bronzes antiques pouvaient parfaitement être couverts d’une patine. Aglaé ne tire pas que sur les faux. En analysant les composants des peintures, elle permet d’en améliorer les modes de conservation. Ou de restaurer avec le soin voulu un Rembrandt ou un Vinci. Démembrement. Cet anniversaire était cependant en demi-teinte. Plusieurs ont évoqué avec émotion le père d’Aglaé, Joseph Salomon, qui lutte contre la maladie. Les chercheurs sont aussi inquiets du projet d’un nouveau laboratoire dans un grand centre de réserves et de recherches, prévu à la périphérie de Paris. Ils craignent le démembrement, l’éloignement des collections du Louvre (qui alimentent la moitié de leurs interventions), lequel pourrait être tenté d’ouvrir son propre labo, et la rupture avec le CNRS. Bref, une remise en cause de cette interdisciplinarité qui est leur credo. Et il leur faudrait de plus laisser Aglaé derrière eux, trop gros pour être déménagé. | |
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