Dans cette parution, une interview qui fait polémique dans le milieu professionnel (ARAAFU, FFCR), celle du nouveau directeur de l'INP, Eric Gross. Ci-joint des citations que j'ai reprises d'un échange de mails des délégations régionales-CA FFCR:
"- La création d’un corps de restaurateurs est-elle envisageable ?
Ce n’est pas envisagé, à ma connaissance. Pourquoi fonctionnariser une profession dont la condition de profession libérale a permis qu’elle se développe et rayonne très largement à l’étranger ? Il ne faut pas exclure que les institutions publiques emploient des restaurateurs pour une mission donnée, mais la restauration doit rester une prestation extérieure proposée à des professionnels qualifiés, à travers les marchés publics. L’important, c’est la prise en compte de l’expertise propre des restaurateurs. La « directive services » impose d’ouvrir ces marchés aux professionnels européens. Cela doit se faire en préservant le niveau de qualification exigé aujourd’hui pour travailler sur les collections publiques. La direction des Musées de France y travaille. Par ailleurs, il me semble que les restaurateurs ont parfois une culture un peu hostile au salariat, alors qu’ils sont recherchés par des entreprises comme celle du Groupement français des entreprises de restauration des monuments historiques (GMH). Je souhaiterais mieux faire connaître aux élèves le réseau de ces entreprises, car c’est là que se trouve une part des emplois de demain.
- Pourquoi fonctionnariser une profession dont la condition de profession libérale a permis qu’elle se développe et rayonne très largement à l’étranger ?
Première nouvelle, il me semble que dans les pays anglo-saxons la profession s'est nettement mieux développée qu'en France et rayonne beaucoup plus à l'étranger. Il suffit de voir la faible proportion de professionnels français présents dans les colloques internationaux.
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la restauration doit rester une prestation extérieure proposée à des professionnels qualifiés, à travers les marchés publics
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Par ailleurs, il me semble que les restaurateurs ont parfois une culture un peu hostile au salariat, alors qu’ils sont recherchés par des entreprises comme celle du Groupement français des entreprises de restauration des monuments historiques (GMH).
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- Votre prédecesseur a toujours refusé d’utiliser le terme de « conservateur-restaurateur », expression pourtant reconnue par les organisations professionnelles internationales. Quelle est votre position à ce sujet ?
Les querelles de sémantiques sont délétères. Il est évident qu’un restaurateur bien formé, comme il l’est à l’INP, est un spécialiste des questions de conservation préventive, discipline partagée. Mais être un conservateur, c’est enrichir et valoriser une collection, gérer une équipe, diriger, agir sur le marché de l’art… Ce sont des pratiques spécifiques étrangères aux métiers de la restauration. IL faut certes que les restaurateurs soient pleinement reconnus pour leurs compétences scientifiques et techniques, et avoir haussé leur diplôme au niveau du master est en cela une très bonne chose. S’ils ne font pas un travail de conservateur, pour autant, leur pratique implique de travailler avec des conservateurs. C’est pour cela que l’INP unit ces deux formations."
Les journalistes sont les mêmes qui ont rédigé un article "Restaurateurs en quête de statut" dans le Journal des Arts de décembre (292).