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A LIRE |
Réponses et commentaires au questionnaire "peut-on effectuer un traitement "éthique" dans le cadre des marchés publics ?" par Danièle Amoroso
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| Traitement d'une oeuvre de Soulages . (microfissuration, CPV, acides gras, moisissures) | |
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Auteur | Message |
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AL
Nombre de messages : 33 Date d'inscription : 24/03/2009 Age : 57
| Sujet: Traitement d'une oeuvre de Soulages . (microfissuration, CPV, acides gras, moisissures) Ven 27 Mar 2009 - 10:07 | |
| Problématique:Il s'agit d'une huile sur toile (classique avec larges aplats noirs séparés par des bordures empâtées les deux dernières bandes étant bleues outremer) Le tableau a été stocké emballé dans du plastique bulles et dans une cave pendant quelques temps. Les propriétaires étaient persuadés que les bulles avaient marqué d'un côté du tableau, mais ce n'est pas le cas, c'est certain. J'espérai que ce ne serai que quelques amas de poussière agglomérés, mais après tests à la salive puis à l'eau déminéralisée, les tâches sont réapparues après évaporation de l'humidité. Après observation à la bino, j'ai constaté que chaque "tâche" était en fait autant de zones de microfissurations. Je pense causées par un problème de condensation, mais éventuellement aussi de micro-organisme (mais là j'attends une confirmation car pour les micro-organismes, ce n'est qu'une supposition en ce qui me concerne) Pour mon analyse visuelle j'aimerai bien que l'on m'explique brièvement le phénomène physique qui a causé ces microfissurations qui sont en fait des oxydations (je pense) (les petits trous blancs sont de petites cavités originales de la couche picturale) En ce qui concerne le traitement, je réfléchis depuis quelques temps. Il y a microfissuration donc, il faut combler les vides ça semble logique. Je voudrai être certain qu'il n'y a pas un problème de moisissures et là j'attends vos avis sur la question. Quel pensez-vous de mon problème? Merci à tous de l'attention que vous voudrez bien porter à mon message. | |
| | | françoise morin Admin
Nombre de messages : 219 Date d'inscription : 26/02/2008
| Sujet: Re: Traitement d'une oeuvre de Soulages . (microfissuration, CPV, acides gras, moisissures) Ven 27 Mar 2009 - 16:21 | |
| Bonjour AL, Tu nous présentes un cas intéressant, pourrions nous avoir quelques précisions. 1) ces taches sont elles présentent sur le noir également ? (sur les photos on les voit sur le bleu) 2) quel est le climat de cette cave ? Plus précisément, y a-t-il des moments où l'humidité relative de l'air ambiant est proche de 100% ? 3) le tableau avait-il déjà subi des opérations de nettoyage ou de consolidation avant d’être entreposé dans la cave ?
Nous avons eu à l'atelier un stagiaire de dernière année de MST, Thomas Biney, qui faisait son stage sur les dos protecteurs des tableaux. C'est plus précisément Christian qui l'a suivit dans son travail, mais comme il est en déplacement, c'est moi qui raconte. Thomas a réalisé des éprouvettes (toiles de peinture noires sur une préparation blanches), nous avons construit des chambres isolées et acheté des humidificateurs pour créer des climats différentiels afin de reproduire le climat annuel d'un monument historique type église, il y avait 4 climats différents. Thomas a déplacé ses éprouvettes d'une chambre à l'autre afin de mesurer la réaction des différents matériaux face aux variations brutales de climat. Je vous passe les résultats, cela pourrait faire l'objet d'un autre sujet. Une seule fois nous avons constaté des phénomènes de condensation(*), ça a été très bref et le temps de sortir le tableau de la chambre humide la rosée était évaporée. Cela a suffit pour voir apparaître des moisissures sur la couche picturale non vernie qui malgré les traitements chimiques sont toujours visibles, elles n'évoluent plus sauf si on replace les toiles dans un milieu humide. Cela ressemble a des cercles blanchâtres plus ou moins denses mais sans épaisseur, sur le noir ça ne passe pas inaperçu.
(*) sur les matériaux métalliques, le point de rosé est atteint à 100% d'humidité relative de l'air ambiant, mais si le matériaux est poreux, le point de rosé est atteint à une humidité relative inférieure, la valeur de cette humidité relative est fonction de la taille des pores du matériau. | |
| | | AL
Nombre de messages : 33 Date d'inscription : 24/03/2009 Age : 57
| Sujet: Re: Traitement d'une oeuvre de Soulages . (microfissuration, CPV, acides gras, moisissures) Ven 27 Mar 2009 - 17:53 | |
| Bonjour Françoise,
Merci pour votre intérêt. Les tâches sont effectivement presque exclusivement sur les parties bleues. Mais le tableau était stocké verticalement avec la partie bleue en bas, donc près du sol. Il était stocké dans une sorte de réserve d'archives construite il y a une cinquantaine d'années plus que dans une cave d'après le propriétaire que je viens d'avoir au téléphone. Donc je suppose qu'il n'y avait pas une humidité extrême comme ce peut être le cas dans une cave. En revanche, ce qui est important et je viens de l'apprendre, c'est que le tableau est resté emballé plus de 10 ans! dans cette réserve.
Il est sorti depuis 3 ans maintenant et exposé dans une maison privée. (dans de bonnes conditions) Il n'a jamais subit la moindre intervention.
Voilà tout ce que je sais concernant le passé de cette oeuvre.
...
Al | |
| | | CM
Nombre de messages : 346 Date d'inscription : 18/03/2008
| Sujet: Re: Traitement d'une oeuvre de Soulages . (microfissuration, CPV, acides gras, moisissures) Lun 30 Mar 2009 - 7:07 | |
| Bonjour AL, je n'ai malheureusement aucune réponse ferme à te donner, mais plusieurs questions qui peuvent peut être te mettre sur des pistes. Mais en premier lieu, peux tu nous poster une photographie à la bino mais avec un plus faible grossissement pour pouvoir mieux voir la forme générale de ces "micro fissurations". - Que sais tu de la technique de Soulages? emploie t'il toujours la même technique et les mêmes peintures?. - Connais tu d'autres peintures de cet artiste qui présenteraient des altérations proches ou identiques? - Tu précises que le bleu est très atteint par ces altérations, mais que le noir l'est aussi et que la peinture a été stockée verticalement avec la partie bleue en bas. Y a t'il selon toi une répartition géographique de ces taches qui pourrait correspondre à ce mode de stockage? - Les micro fissurations que tu vois sont elles localisées ou présentes sur toute la surface et seulement visibles là où elles sont révélées pas des traces blanches? Dans ce cas, les micro organismes profitent de celles ci pour se développer mais n'en sont pas la cause. - As tu pensé à la présence possible d'efflorescences d'acides gras? L'article d'Elodie Niclot paru dans le crbc n° 26 de 2008 fait le point sur ces phénomènes. Regarde également vers les mémoire d'Avignon, une étudiante a travaillé récemment sur le nettoyage "à sec" de tableaux de Soulage. Bon courage
Dernière édition par CM le Mer 1 Avr 2009 - 5:13, édité 1 fois | |
| | | LN
Nombre de messages : 2495 Date d'inscription : 12/03/2008 Age : 57 Localisation : Gaillac
| Sujet: Re: Traitement d'une oeuvre de Soulages . (microfissuration, CPV, acides gras, moisissures) Lun 30 Mar 2009 - 7:41 | |
| Salut à tous,
Pour le mémoire fait à Avignon, je crois qu'il s'agit de celui de Solenne GOUT. Il me semble qu'elle a travaillé sur la collection des oeuvres du musée Fabre à Montpellier.
En biblio, il y a aussi un article dans "Patrimoines" - Revue de l'INP, n° 2 année 2006 par Pauline Hélou-de la Grandière qui semble elle aussi avoir travaillé sur Soulages dans le cadre de son mémoire de fin d'études.
P.S. : désolée je ne possède ni l'un ni l'autre.
Dernière édition par LN le Mar 31 Mar 2009 - 15:39, édité 1 fois | |
| | | AL
Nombre de messages : 33 Date d'inscription : 24/03/2009 Age : 57
| Sujet: Re: Traitement d'une oeuvre de Soulages . (microfissuration, CPV, acides gras, moisissures) Mar 31 Mar 2009 - 15:09 | |
| Bonjour à toutes et à tous et merci pour vos réponses CM, Je découvre la technique de Soulages et à vrai dire n'en sais pas encore grand chose. Pour le moment je cherche et récolte les infos. D'ailleurs, J'ai même oublié un "s" à Soulages (oups!) J'ai acheté hier soir la revue Techné n°26, elle comportait un article intitulé "Soulages, couleur et lumière du noir"…. J'étais content! Mais cet article traite de la sémiotique de la perception, influencé par la phénoménologie merleau-pontienne et la sémiotique tensive de C. Zilberberg.!!!!!!!!! Tout un programme! Pour répondre à tes questions : - Je ne sais pas encore si Soulages utilise toujours les mêmes peintures. - Je ne connais pas d'autres peintures présentant les même altérations. - Finalement, les noirs sont très peu touchés. Ils sont peut-être un peu ternes (sans que ce soit gênant), je ne sais pas encore si c'est comme cela qu'ils doivent être ou pas. C'est peut-être normal. (Vieillissement naturel du film de peinture) - Les rares tâches qui sont dans les parties noires ne sont pas micro fissurées. Ce n'est qu'un début d'opacification du film à l'endroit de chaque tâche (comme un blanchiment de surface). - En revanche les tâches sont mates. C'est pour cela qu'elles apparaissent blanches. - Dans les bleus, les micro fissurations sont concentrées au centre de chaque tache blanche et disparaissent à mesure que l'on s'approche des bords extérieurs des taches. A mon sens, cela a commencé par des taches (comme c'est le cas pour les quelques taches des zones noires), puis elles ont évoluées vers une micro fissuration en leur centre. - Il est possible que les tâches soient liées au mode de stockage (bleu en bas donc plus en contact avec le froid et l'humidité) ou alors ce n'est lié qu'au bleu, je n'ai pas encore la réponse. Mais je penche fortement pour la deuxième solution. - Pour info, le tableau a été réalisé en 1991 et emballé 3 ans après, pour être déballé en 2006. Donc il est resté dans son plastique pendant 12 ans. - On peut également se demandé si ce n'est pas un problème lié à une rétention chimique du fait de l'enfermement trop rapide après exécution, du tableau. Est-ce les efflorescences d'acides gras dont tu parles?. Je sais qu'il y des acides gras (linoléiques et linoléniques) qui favorisent les réactions d'oxydation et polymérisation mais ça s'arrête là. Peux-tu m'en dire plus sur ces efflorescences.Et peux-tu me dire ce qu'est le CRBC? Merci CM | |
| | | AL
Nombre de messages : 33 Date d'inscription : 24/03/2009 Age : 57
| Sujet: Re: Traitement d'une oeuvre de Soulages . (microfissuration, CPV, acides gras, moisissures) Mar 31 Mar 2009 - 15:16 | |
| Salut LN,
Merci pour tes infos, je vais chercher à joindre Solenne Gout et à obtenir la revue de l'INP.
Puis-je ajouter un "s" à Soulages sur le titre de la rubrique? Et comment procéder.
Merci LN | |
| | | LN
Nombre de messages : 2495 Date d'inscription : 12/03/2008 Age : 57 Localisation : Gaillac
| Sujet: Re: Traitement d'une oeuvre de Soulages . (microfissuration, CPV, acides gras, moisissures) Mar 31 Mar 2009 - 15:44 | |
| Pour le "s" à Soulages dans le titre, c'est fait. Si à l'avenir tu veux corriger quelque chose dans un message que tu as posté (titre ou corps du texte). Connecte-toi, ouvre la rubrique, et vas sur ton message. Prend alors le petit onglet "edit" qui se trouve sur le côté droit du message. Celui-ci se réouvre comme lorsque tu l'as écrit. Tu peux donc ainsi apporter les corrections désirées. Bonne continuation | |
| | | CM
Nombre de messages : 346 Date d'inscription : 18/03/2008
| Sujet: Re: Traitement d'une oeuvre de Soulages . (microfissuration, CPV, acides gras, moisissures) Mer 1 Avr 2009 - 5:19 | |
| bonjour AL "CRBC" est une revue éditée par l'association des restaurateurs d'art et d'archéologie de formation universitaire (ARAAFU). Tu peux te procurer leurs publication en t'adressant à: ARAAFU-Publication, 178, rue du faubourg-Saint-Denis, 75010 Paris- tel/fax: 01 43 73 82 31 | |
| | | anne craveia
Nombre de messages : 340 Date d'inscription : 29/05/2008
| Sujet: Re: Traitement d'une oeuvre de Soulages . (microfissuration, CPV, acides gras, moisissures) Mar 7 Avr 2009 - 17:02 | |
| Bonjour AL, Je viens de prendre connaissance de cette discussion, je me permets de participer car j’ai travaillé sur le noir de Soulages quand j’étais étudiante en première ou deuxième année à la MST. J’avais demandé à rencontré Soulages qui m’avait reçu dans l’un de ses ateliers à Paris. Il m’avait donné un échantillon de résine qu’il m’avait demandé d’analyser à l’occasion. Cette résine, il la mélangeait au noir (huile et pigment d’ivoire (os)) pour réaliser ses reliefs, ses sillons qui restent au séchage et permet grâce à ses outils de donner les effets voulus. Donc, étant simple étudiante j’avais juste sollicité une personne des labos (par le biais de la prof de chimie organique de Jussieu), de faire quelques analyses de cette résine. Nous avons juste fait une spectrophotométrie infra rouge car la RMN, coûtait trop cher ! Les résultats ont donné ‘grâce aux pics inscrits sur le graphique (pas d’aromatique, pas de fonction amine, mais des chaînes moléculaires qui laissaient penser à une résine polyester type époxyde. Les Soulages (années 50 et 60) que j’ai l’occasion de constater régulièrement au Syndicat mixte des Abattoirs à Toulouse, ne présentent pas le type d’altération que tu observes, mais je peux vérifier une nouvelle fois. J’ai plutôt observé des problèmes de soulèvements des empâtements, de manque de siccatif (d’où ses recherches sur la résine que j’ai citée au paragraphe précédent) ou de verni (aie ! anciennement appliqué par un restaurateur) ce qui a valu à Soulages de faire partie de l’ARIPA à une époque en tout cas : il témoigne dans un colloque d’art contemporain avec Aleschinsky et crie au scandale ! car Soulages ne verni pas ses tableaux ! Soulages était (est toujours ?) très intéressé par le fait d’améliorer sa technique donc entre des œuvres des années 50,60 et 90’s , sa technique évolue ! Désolée, Je ne connais rien sur le bleu de Soulages ! J’ai eu la visite de l’étudiante d’Avignon, lorsqu’elle cherchait des infos, sa grande difficulté, c’est que Soulages était difficilement joignable car malade à l’époque Il me semble qu’il y une étudiante de la MST qui a travaillé sur Soulages, je peux me renseigner… AL, si tu souhaites que l’on échange n’hésite pas à me contacter, ce sera avec plaisir Anne | |
| | | anne craveia
Nombre de messages : 340 Date d'inscription : 29/05/2008
| Sujet: Re: Traitement d'une oeuvre de Soulages . (microfissuration, CPV, acides gras, moisissures) Mar 7 Avr 2009 - 17:10 | |
| ah! j'oubliais, ayant fait une éprouvette je me suis aperçu quela résine ajoutée jaunissait très vite en vieillissant quelques mois seulement, et son aspect dans le pot avait celui que je peux observé aujourd'hui quand je regarde l'intérieur de mon pot de gel beva 371 (à chaud pour cts) | |
| | | anne craveia
Nombre de messages : 340 Date d'inscription : 29/05/2008
| Sujet: Re: Traitement d'une oeuvre de Soulages . (microfissuration, CPV, acides gras, moisissures) Mar 7 Avr 2009 - 18:34 | |
| ah j'oubliai (2 fois, mais cette fois sans "s" c'est mieux) , ce mélange résine semblait donc être un mélange : cire synthétique + une résine époxidique
désolée pour cette succession de rajouts...
anne | |
| | | FF Invité
| Sujet: Bleu Soulages Mer 8 Avr 2009 - 22:41 | |
| Chers tous, J'ai lu avec intérêt tous les messages au sujet du Noir/Bleu Soulages. Formidable ce forum... Les hypothèses pour expliquer la formation de ces micro-craquelures semblent avoir été épuisées. Essayons de faire l'opération inverse. AL nous dit que les traces reviennent après décrassage de surface. On peut éliminer l'hypothèse exsudat d'acides gras ou de savons de résine qui disparaissent après nettoyage (voir articles sur les "efflorescences d'acides gras" d'Elodie Niclot cité par CM + une petite dizaine d'articles cités dans l'article que je mets à votre disposition).
Restent le développement de moisissures et l'altération du liant par micro-fissuration. AL nous dit que le climat de conservation du local n'est pas celui d'une cave. On peut néanmoins concevoir comme l'indique Françoise M qu'à l'intérieur de l'enveloppe, lors d'un refroidissement de l'air, l'humidité puisse atteindre un taux supérieur à 60% propice au développement de moisissures. On ne peut donc pas éliminer l'hypothèse moisissures sans analyse. Ce qui somme toute est une opération assez simple.
In fine, il faut traiter de l'altération du liant, particulièrement dans les zones peintes en bleu. Puisque l'impact visuel diminue (voire disparaît) lors du décrassage, nous sommes vraiment en présence d'une altération de la planéité de la surface. Cette rupture augmente la diffusion de la lumière à l'interface air/matière et celle ci apparaît blanche (mélange de lumière réémise plus riche en lumière blanche). L'action conjointe d'une humidité locale et de la présence du matériau d'emballage posée sur l'œuvre est sans doute le facteur que l'on pourrait tenir pour responsable de cette altération physique.
Mais alors, pourquoi dans le bleu? Et plutôt uniquement dans le bleu? Plusieurs hypothèses (elles n'étaient donc pas épuisées...) : - quel est le pigment bleu utilisé par Soulages? - Si le bleu utilisé par Soulages est un pigment qui facilite le séchage du médium, il pourrait avoir initié son durcissement d'où une plus grande rigidité et une propension plus importante à se fissurer (raisonnement à confirmer pour un liant non huileux?) en particulier lors de micro-contraintes climatiques et/ou de phénomènes d'évaporation locale d'humidité déposée lors d'un point de rosée, - a contrario, si le bleu ralentit le séchage, comment expliquer le phénomène? - Si le bleu utilisé est hygroscopique, les liaisons entre les molécules d'eau de l'air et le pigment peuvent-elles favoriser une altération locale du liant. René de la Rie dans son article consacré au média de retouche (Studies in Conservation années 2000 et des poussières...) présente un cas semblable avec les Gamblin (matériaux de retouches manufacturés à base de résine aldéhydiques) sans pouvoir en donner une explication (si mes souvenirs sont bons, je n'ai pas relu l'article). La couleur bleu outremer présente des micro-craquelures après vieillissement artificiel (photoxydation) alors qu'aucune autre couleur ne présente ce phénomène. Serions-nous devant le même phénomène? Rien de comparable pourtant entre un vieillissement en pseudo-cave et une vieillissement artificiel en laboratoire mais sans doute faut-il se poser aussi cette question. C'est inépuisable, comme la peinture de Soulages. FF |
| | | FF Invité
| Sujet: Soulages : analyses scientifiques? Jeu 9 Avr 2009 - 6:50 | |
| Bonjour AL, Pour compléter mon intervention d'hier soir, j'ai cherché d'éventuelles références à des articles décrivant la technique et les matériaux utilisés par Pierre Soulages. Sur les AATA (Art and Archeology Technical Abstract, Getty Conservation Institute, répertoire très complet des articles publiés y compris dans le champ de la conservation) et sur la base Narcisse du Ministère de la Culture (imagerie scientifique) : aucune réponse. Le catalogue de la grande rétrospective du musée d'Art Moderne de Paris sur Soulages donne peut-être des indications sur la technique picturale du peintre et des références bibliographiques. Par ailleurs, Soulages a fait une donation au Musée Fabre de Montpellier et un musée Soulages sort de terre dans les Cévennes. Le C2RMF a peut-être travaillé sur des œuvres du peintre à cette occasion sans que cela ait donné lieu à publications. Il faudrait donc interroger la responsable du centre de documentation (site Louvre). FF |
| | | LN
Nombre de messages : 2495 Date d'inscription : 12/03/2008 Age : 57 Localisation : Gaillac
| Sujet: Re: Traitement d'une oeuvre de Soulages . (microfissuration, CPV, acides gras, moisissures) Jeu 9 Avr 2009 - 8:37 | |
| à force de chercher, on trouve toujours quelque chose. Voici un lien avec un rapport d'intervention sur une oeuvre de Soulages appartenant au musée Fabre.
http://restauration-de-tableaux.blogspot.com/2008/01/pierre-soulages-peinture-114x162-cm-28.html
Bonne lecture. | |
| | | AL
Nombre de messages : 33 Date d'inscription : 24/03/2009 Age : 57
| Sujet: Re: Traitement d'une oeuvre de Soulages . (microfissuration, CPV, acides gras, moisissures) Jeu 9 Avr 2009 - 9:42 | |
| Bonjour Anne,
Merci pour ta réponse et tes infos. Comme toi, je vais essayer de rencontrer Soulages. Si tu sais comment je peux le contacter, je suis preneur car pour le moment, je n'ai encore rien obtenu de très concret. Je pense que les altérations de mon tableau, ne sont pas liées à la technique de Soulages, mais vraiment à leur emballage… Mais j'aimerai bien le rencontrer quand même.
A bientôt,
AL | |
| | | AL
Nombre de messages : 33 Date d'inscription : 24/03/2009 Age : 57
| Sujet: Re: Traitement d'une oeuvre de Soulages . (microfissuration, CPV, acides gras, moisissures) Jeu 9 Avr 2009 - 13:03 | |
| Bonjour FF,
Je suis du même avis, ce forum est formidable. Et merci beaucoup de répondre à mes interrogations. Ok, pour l'élimination de l'hypothèse des exsudats d'acide gras… Je pense effectivement que les altérations sont liées à un excès d'humidité et au confinement très long de l'œuvre dans un emballage plastique. Je n'ai encore jamais fait à ce jour d'analyses de moisissures et au risque de paraître idiot, ne sais même pas comment m'y prendre. Mais il semble que ce soit simple, comment doit-on procéder?
C'est bien une altération de la planéité de la surface picturale (c'est une certitude) et je pense également que le bleu a favorisé le durcissement du film d'huile. Ce qui a certainement favorisé les micros fissurations. Je pense également qu'il s'agit bien d'un bleu outremer (même si je n'en ai pas la confirmation scientifique, cela semble évident).
J'ai cherché également des infos sur la technique de Soulages sur Internet et documents papiers, mais pour le moment rien de pertinent concernant mon problème.
Mais en fait je pense que nous avons bien cerné le problème, mis à part la confirmation des moisissures.
Là où je m'interroge, c'est sur la solution. Comment faire disparaître ces tâches en étant totalement déontologique.
Les micros fissurations, ce sont des vides. Pour rétablir une bonne lisibilité, je ne vois pas d'autres solutions que de combler les vides avec une résine.
Mais de quelle manière, avec quelle résine, est-ce que travailler localement sur chaque tâche est gérable?
Mon directeur de mémoire nous disait toujours: "Il faut raisonner : But, moyen, mise en œuvre".
Je sais quel est le but à atteindre, j'ai une idée assez précise des moyens (résine synthétique probablement), mais j'ai beaucoup d'interrogations et de doutes quant à la mise en œuvre.
Pour être franc, je vois mal des interventions locales qui offriraient un résultat parfaitement uniforme. Mais je n'envisage pas non plus un traitement général, qui même s'il n'en aurait pas l'appellation, s'apparenterait fortement à une couche de vernis, aussi légère soit-elle.
Je me sens dans une impasse!
Que feriez vous si vous étiez à ma place?
Mais je vais immédiatement lire le message d'LN qui m'éclairera peut-être. A bientôt,
AL | |
| | | LN
Nombre de messages : 2495 Date d'inscription : 12/03/2008 Age : 57 Localisation : Gaillac
| Sujet: Re: Traitement d'une oeuvre de Soulages . (microfissuration, CPV, acides gras, moisissures) Jeu 9 Avr 2009 - 13:31 | |
| - AL a écrit:
- Je n'ai encore jamais fait à ce jour d'analyses de moisissures et au risque de paraître idiot, ne sais même pas comment m'y prendre. Mais il semble que ce soit simple, comment doit-on procéder?
Cher AL Mais non pas idiot du tout. Cette question va justement être l'occasion de faire un petit article sur le sujet. Je m'y mets assez vite et poste ça dans une nouvelle rubrique, histoire de ne pas rompre le fil sur Soulages. | |
| | | AL
Nombre de messages : 33 Date d'inscription : 24/03/2009 Age : 57
| Sujet: Re: Traitement d'une oeuvre de Soulages . (microfissuration, CPV, acides gras, moisissures) Jeu 9 Avr 2009 - 13:55 | |
| Merci LN,
Ce document est passionnant pour comprendre l'oeuvre de Soulages qui a été traitée à cette occasion et cela me donne des infos concernant l'oeuvre que j'ai à traiter.
Par ailleurs cette étude est très pro.
Merci encore LN | |
| | | AL
Nombre de messages : 33 Date d'inscription : 24/03/2009 Age : 57
| Sujet: Re: Traitement d'une oeuvre de Soulages . (microfissuration, CPV, acides gras, moisissures) Jeu 9 Avr 2009 - 14:04 | |
| Ouiii des moisissures, des analyses,
Bravo LN,
Tu es une vrai mère pour moi.
AL | |
| | | françoise morin Admin
Nombre de messages : 219 Date d'inscription : 26/02/2008
| Sujet: Re: Traitement d'une oeuvre de Soulages . (microfissuration, CPV, acides gras, moisissures) Jeu 9 Avr 2009 - 18:44 | |
| comme ce week end s'annonce chaud et ensoleillé je me permets d'émettre un bémol concernant l'analyse de dépôts supposés biologiques. c'est super délicat d'analyser des prélèvements de moisissures non actives, c'est à dire quand on ne voit pas un beau mycélium blanc ou vert, bien épais que l'on enlève avec délectation à l'écouvillon ou au scotch, comme nous l'a décrit LN. on est obligé de grattouiller au bistouri pour ramasser la poudre blanchâtre qui est en très faible quantité et souvent accompagnée de poussière. comme les moisissures sont inactives, il est alors difficile de faire une identification optique du prélèvement avant sa mise en culture. lorsque ça commence à pousser dans la boîte de pétrie, on est pas vraiment certain que c'est bien le dépôt supposé biologique qui se développe et pas la poussière ou un autre type de pollution (il y a des spores de champignon dans la poussière). si le milieu de culture change, parfois le champignon qui pousse change également. donc pas si simple ... | |
| | | FF Invité
| Sujet: la technique de Soulages Jeu 9 Avr 2009 - 20:06 | |
| Bonsoir AL,
Je suis d'accord avec Françoise M : faire une analyse de moisissures sans filament apparent n'est pas simple. Je me suis mal exprimée en disant que c'était simple. Ce qui était simple dans le chose, c'était la décision à prendre pour infirmer ou confirmer l'hypothèse "moisissures" mais pas l'acte lui-même. Remettre la peinture en condition (HR importante) pour vérifier que le développement mycélien existe est sans doute un peu exagéré...
Pour ce qui est de la technique de Soulages, la référence donnée par LN est en effet très intéressante. Je l'ai parcourue et en ai retenu deux points : - à la fin des années 50, Soulages peint à l'huile (avec des adjuvants) - il vernit parfois ses tableaux.
Question : as-tu regardé l'œuvre sous UV? As-tu remarqué une fluorescence? Deuxième question : que sait-on de l'avis de Soulages sur l'apparence des ses peintures? Supporterait-il une imperfection?
Anne Craveia semble dire que la technique de Soulages a évolué dans le temps mais il faudrait interroger la personne qui a travaillé sur le Soulages de Montpellier. Elle donne en fin d'article une liste de référence. Je pense qu'il serait utile de la contacter.
Bonne soirée
FF |
| | | AL
Nombre de messages : 33 Date d'inscription : 24/03/2009 Age : 57
| Sujet: Re: Traitement d'une oeuvre de Soulages . (microfissuration, CPV, acides gras, moisissures) Ven 10 Avr 2009 - 8:56 | |
| Bonjour, à toutes et à tous,
Me voilà rassuré, il ne me semblait effectivement pas simple de recueillir des spores dans le cas qui me concerne, car je n'ai effectivement aucun beau mycélium qui soit en train d'attendre de se laisser prélever. C'est pourquoi je ne voyais pas comment m'y prendre sur mon tableau.
Comme toi FF, j'ai découvert avec surprise que Soulages pouvait parfois vernir ses tableaux, mais ce n'est pas le cas sur le mien. (Pas de fluorescences sous UV) C'est bien dommage, cela m'aurait bien arrangé.
Pour répondre à ta deuxième question FF, je m'interroge toujours, car j'ai plusieurs sons de cloches. - Un galeriste qui connaît l'artiste, mais a interdiction de communiquer ses coordonnées, me dit que Soulages, se fichera éperdument d'un tableau qu'il a fait, il y a 20 ans. - Et, tout comme Anne Craveia, un de mes clients collectionneur très pointu et passionné par Soulages me dit qu'au contraire, il a toujours été dans une démarche qui visait à faire évoluer son œuvre techniquement pour qu'elle soit irréprochable. C'est pour cela que j'aimerais bien avoir l'avis du maître lui-même. Personnellement, j'ai plutôt l'impression en voyant l'homme, qu'il ne supporterait pas d'imperfections sur son œuvre.
J'ai invité la restauratrice qui a travaillé sur une œuvre de Soulages à Montpellier à venir voir cette discussion sur le forum afin qu'elle puisse y prendre part.
Voilà, bonne journée et merci à tous pour votre intérêt pour mon cas.
AL. | |
| | | Pauline Invité
| Sujet: Restauration de Peinture, avril 1991, Pierre SOULAGES Mar 14 Avr 2009 - 9:10 | |
| Bonjour,
AL m'a invité à rejoindre votre discussion, et je vais tenter d'éclairer votre lanterne,
Je vous suggère de consulter le message du 11 octobre 2007 sur mon blog : visite-d-atelier.blogspot.com
Je suis en effet l'auteur des articles suivants:
« La restauration de Peinture, 114 × 165 cm, 16 décembre 1959 de Pierre Soulages », in Patrimoines, n°2, 2007. « Cleavages in paintings by Pierre Soulages at the end of 1950’s: a case study», Contribution pour la conférence : Preparation for Painting: the artist’s choice and its consequence, Icom-CC Groupe Peinture, 31 mai-1er juin 2007, British Museum, Londres. En collaboration avec Anne-Solenn Le Hô et François Mirambet. (Edition Archetype, 2008).
et je présenterai un poster au colloque de la SFIIC, Art d'aujourd'hui Patrimoine de demain en juin : sfiic.free.fr
Pour répondre aux questions d'AL :
En avril 1991, Pierre Soulages peint des peintures à l'huile, et celle-ci qui a été exposée en 1991 à la Fondation Veranneman, FIAC, Grand Palais, Paris, puis achetée par la Galerie de Bellecour à Lyon (aujourd'hui dans une collection privée en Alsace), en est une (Ref. Encrevé, Cat. 1093).
Juste un mot sur le vernis: les vernis qui n'ont pas de fluorescence UV ne sont pas inexistants, et vice versa : nous observons parfois des fluorescences qui ne sont pas des vernis mais des exsudats d'huile. Tout dépends de la nature de la résine, mais aussi de la lampe que l'on utilise... Enfin, il n'y a pas nécessairement de vernis sur les oeuvres de Soulages, mais il est fréquent d'en observer sur certaines périodes.
L'altération qui me semble évidente en regardant les photos est un chancis de couche picturale, avec éventuellement des adhérences superficielles, mais à regarder rapidement, je dirais que nous avons un problème de concentration volumétrique pigmentaire, associé à des conditions de conservation médiocres sans doute (HR élevée?, confinement entraînant la migration des AG de l'huile?).
Pour le traitement donc, si l'oeuvre m'était confiée, je commencerai sans doute par déterminer les paramètres de solubilité de la couche picturale, pour trouver un traitement qui soit sans incidence sur le liant original, qui en effet, ne peut pas être présenté avec de tels défauts. Je pense qu'on pourrait ainsi éviter un traitement invasif avec des résines synthétiques qui se retrouveraient imprégnées dans la couche picturale (irréversible) et qui peut provoquer d'autres problèmes de séchage plus complexe (Anne Craveia qui parlait des peintures des Abattoirs à Toulouse a dû observer ce cas sur Peinture, 15 décembre 1959 qui a été entièrement dévernie en 1994 et qui présentait des problèmes de séchage importants à cause d'un vernis synthétique - acrylique- appliqué en surface). Les peintures à l'huile récentes sont beaucoup plus complexes à traiter à cause de ces phénomènes de séchage que l'on doit éviter à tout prix de modifier en intervenant.
Voilà, je vous souhaite bon courage, et surtout de bien profiter de cette belle matière qu'offre la technique de Pierre Soulages (difficile à traiter, mais quel plaisir...). Si vous avez encore l'oeuvre à la fin du printemps, je viendrais volontiers visiter votre atelier (je viens faire un traitement dans votre région, justement sur un Soulages).
Bon courage, |
| | | françoise morin Admin
Nombre de messages : 219 Date d'inscription : 26/02/2008
| Sujet: Re: Traitement d'une oeuvre de Soulages . (microfissuration, CPV, acides gras, moisissures) Ven 17 Avr 2009 - 12:53 | |
| Bonjour Pauline, Merci pour ta réponse à AL par le biais de ce forum. je ne résiste pas une autre question concernant ta réponse (ce forum est un trampoline)
Tu souhaites connaître les paramètres de solubilité de la couche picturale afin que ton éventuel traitement soit sans incidence sur le liant original.
Souvent, lors du nettoyage d'une peinture, quant on recherche par des tests chimiques les paramètres de solubilité, il s'agit de ceux des couches que l'on souhaite éliminer. On espère qu'ils seront suffisamment différents de ceux de la peinture afin de réaliser des traitements non pas sans danger - impossible - mais tout au moins avec certaines marges de sécurité. C'est un outil d'investigation fondamental qui nous permet de construire une argumentation pour nos interventions, il sous entend que les paramètres de solubilité de la couche picturale sont connus, ce qui est plus ou moins le cas des peintures à l'huile siccatives anciennes (le plus ou moins étant une restriction relative à l'état de conservation de la couche picturale qui peut avoir subi d'anciens traitements excessifs)
Dans le cas des peintures récentes les paramètres de solubilité d'un liant type huile de lin sont beaucoup moins évidents, et cette limite de solubilité s'accompagne des problèmes liés à la pénétration et rétention des solvants dans un film non encore sec.
Mais au fait ? envisages tu d'employer des solvants sur ce type de peinture ? | |
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| Sujet: Re: Traitement d'une oeuvre de Soulages . (microfissuration, CPV, acides gras, moisissures) | |
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